L'Italie est le pays d'Europe qui emploie le plus de gardes-malades et domestiques. Pratiquement dix fois plus qu'en Angleterre. Pour des raisons purement économiques, des milliers d'immigrés clandestins vivant en Italie, soit entre 35.000 et 40.000, devraient être régularisés au cours des prochaines semaines par le gouvernement Berlusconi. Les concernés par cette régularisation «sélective» adoptée par la Chambre des députés, pour la plupart des domestiques philippins, somaliens ou d'Europe de l'Est, doivent leur «salut» aux réalités du système économique. L'Italie est le pays d'Europe qui recrute le plus de gardes-malades et d'employés de maison. Pratiquement, dix fois plus nombreux qu'en Angleterre, ils sont victimes d'intolérance extrémiste distillée par quelques parties les considérant comme des «ouvrières du sexe et des courriers de la drogue», donc, pas question de les régulariser. Les services de ces immigrés sont de fait une exigence exprimée par la société civile, en premier lieu par les familles de la bonne bourgeoisie angoissées à l'idée de les perdre. Pour Elena, septembre marquera la fin de sa clandestinité en Italie. Cette Russe de 34 ans est employée comme garde-malade dans une famille romaine. Six jours sur sept, elle assure une permanence de tous les instants auprès d'un couple d'octogénaires qui ont perdu leur autonomie. Cela fait deux ans qu'elle est à leur service. Avec l'entrée en vigueur, le 8 août prochain, de la nouvelle loi sur la sécurité qui durcit les conditions de séjour des immigrés et prévoit l'expulsion immédiate des clandestins, elle craint de devoir rentrer dans son pays. Comme Elena, ce sont 35.000 à 40.000 domestiques et gardes-malades étrangers qui devraient bénéficier de la régularisation «sélective» adoptée par la Chambre des députés. L'initiative du gouvernement Berlusconi n'est pas identique à la première amnistie décidée en 2002 par le deuxième gouvernement Silvio Berlusconi juste avant l'entrée en vigueur de la première législation restrictive sur l'immigration, la loi Fini/Bossi. Elle ne ressemble pas non plus aux nombreuses «mesures d'assainissement» décidées entre 2006 et 2007 par le gouvernement de gauche présidé par Romano Prodi. Carlo Giovanardi, secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil responsable de la famille, a le premier mis l'accent sur l'urgence de trouver une solution à un problème qui risquait de devenir un drame pour nombre d'employés de maison et un risque pour leurs employeurs, désormais passibles de prison pour avoir employé un clandestin. Dans un premier temps, la Ligue du Nord a cherché à s'opposer à cette régularisation. La nouvelle loi met des garde-fous: l'employeur doit verser 500 euros d'amende au titre d'arriérés de contributions et devra déclarer au fisc un minimum de 20.000 euros de revenu par an s'il est célibataire et 25.000 s'il vit en famille.