La communauté internationale qui ne reconnaît pas l'annexion de la Ville Sainte a fermement condamné hier cette nouvelle provocation d'Israël Israël a poursuivi la colonisation juive à Jérusalem-Est en expulsant hier des Palestiniens de deux maisons, s'attirant aussitôt les foudres de la communauté internationale. «Je suis né dans cette maison, et mes enfants aussi. Je résidais ici légalement, et maintenant, nous sommes à la rue. Nous sommes des réfugiés», s'insurge Maher Hanoun après avoir été expulsé de chez lui à Cheikh Jarrah. Ce quartier est l'un des plus prestigieux de la partie arabe orientale de Jérusalem occupée et annexée en 1967 par Israël, où les Palestiniens veulent établir la capitale de leur futur Etat. Pendant que des colons transportaient dans des cartons les affaires des familles expulsées avant de les placer dans un grand camion de déménagement, d'autres s'affairaient pour prendre possession des lieux, équipés de truelles, d'échelles et de marteaux-piqueurs. La police israélienne a déployé les grands moyens. Uniformes noirs, casques à visière et gourdins, lunettes de soleil, les hommes de l'unité anti-émeutes ont pris position autour d'une des deux maisons dans la rue Othman Ben Afan. Des gardes-frontières aux bérets verts et une ambulance ont aussi été mobilisés. Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés, et la police a procédé à une dizaine d'interpellations, suite à des échauffourées. «Nous avons tous peur d'être également chassés. Nous sommes ici depuis 1956 en vertu d'un accord alors conclu par les autorités jordaniennes avec l'Unrwa (Office des Nations Unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens)», affirme Amal Kassem, une voisine. «Les titres de propriété dont se réclament les colons sont des faux», proclame-t-elle. La police a investi les lieux après que la Cour suprême d'Israël eut rejeté les appels des familles al-Ghawe et Hannoun contre l'ordre d'expulsion obtenu en justice par l'organisation de colons Nahalat Shimon International. Cet ordre concerne 53 personnes, dont 19 mineurs, et a suscité la colère de Saëb Erakat, négociateur palestinien. «Israël ignore le droit international et les droits de l'Homme (...) Les colons s'installent dans des maisons appartenant à des Palestiniens, et il y a 19 enfants sans logis supplémentaires», a-t-il déclaré aux journalistes. «Nous déplorons totalement les actions inacceptables d'Israël évinçant de chez elles des familles palestiniennes enregistrées par l'Unrwa à Cheikh Jarrah», a renchéri dans un communiqué Richard Miron, un responsable de l'Unsco, le Coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix. Même courroux de l'Unrwa qui s'est élevée dans un communiqué contre cette «décision inacceptable, déplorable et aux effets désastreux». Le consulat britannique à Jérusalem-Est s'est de son côté déclaré «consterné» et a jugé l'expulsion «incompatible avec le désir de paix que professe Israël». A la mi-juillet, les Etats-Unis, l'Union européenne et la Russie avaient déjà notamment dénoncé le projet de construction d'une vingtaine de logements destinés à des Israéliens, également à Cheikh Jarrah. L'ambassadeur d'Israël à Washington, Michael Oren, avait été convoqué au département d'Etat pour s'expliquer à ce sujet. «Nous n'acceptons pas que des Juifs n'aient pas le droit de vivre et construire où bon leur semble à Jérusalem-Est», avait ensuite réagi le Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu. Israël considère l'ensemble de la Ville Sainte comme sa capitale, ce que conteste la communauté internationale. Plus de 200.000 Israéliens vivent dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, aux côtés de 270.000 Palestiniens.