«El gaâda», cette réunion familiale séculaire où les femmes d'El Bayadh se donnent rendez-vous à l'arrivée de chaque été, se perpétue dans cette région particulièrement privée d'espaces de rencontres hors foyer. Cette réunion conviviale du soir fait partie des rites sociaux que les ménages locaux s'emploient à maintenir et à agrémenter de plats culinaires comme le R'fis et le Maâkra, des mets traditionnels préparés à base de semoule, de beurre et de dattes, sans parler de l'incontournable thé. Ces assises féminines constituent, pour les unes, des espaces idoines pour s'enquérir de recettes culinaires inconnues ou nouvelles ou encore d'activités de mercerie et de broderie, et pour les autres, une tribune inespérée où l'on assouvit volontiers sa curiosité en évoquant des nouvelles locales croustillantes ou en s'échangeant les nouveautés en matière de mode vestimentaire et autre. Ces réunions sont également animées par des chants populaires du répertoire local appelés communément «‘El Goul» ou «Saf» que répètent en choeur ces femmes, louant Dieu et faisant l'éloge de certaines personnalités nationales et historiques. Outre un décor chatoyant pour la circonstance, ces femmes qui se retrouvent autour de tables garnies de gâteaux et de thé paraissent, comme pour les fêtes religieuses et nationales, dans leurs plus beaux habits assortis de minutieuses et parfaites traces de henné reflétant un goût raffiné dans le domaine du make-up traditionnel. La revivification des us et la nostalgie de certaines pratiques séculaires ancrées dans la société locale d'El Bayadh font également l'essentiel des retrouvailles en «gaâda» de ces femmes, unanimes par ailleurs à souligner la portée de ces réunions dans le raffermissement des relations sociales.