Policiers et soldats au Niger votaient par milliers hier, un jour avant le reste de la population, sur le référendum convoqué par le président Mamadou Tandja qui veut rester au pouvoir au-delà de la fin prévue de son mandat. Dans une école primaire proche de l'une des principales casernes de Niamey, transformée en bureau de vote, soldats, policiers et sapeurs-pompiers en uniforme faisaient la queue devant les urnes. Les forces de l'ordre qui votent de 08h00 à 19h00 locales (07h00 à 18h00 GMT), sont appelés à se prononcer sur l'adoption d'une nouvelle Constitution permettant au président Tandja, dont le mandat expire en décembre, de rester en fonction jusqu'en 2012. Il pourrait ensuite se représenter autant de fois qu'il le souhaite. Dimanche, le Premier ministre Seïni Oumarou avait annoncé lors d'un meeting à Niamey, que les forces de l'ordre voteraient la veille du scrutin national «pour être disponibles afin d'assurer la sécurité des civils qui voteront le 4 août». La Constitution actuelle du Niger limite a deux mandats consécutifs la fonction présidentielle et veut que Mamadou Tandja, dont le deuxième quinquennat expire le 22 décembre, cède la place. Pour arriver à ses fins, M.Tandja a dissous le Parlement le 26 mai, puis fin juin la Cour constitutionnelle qui avait déclaré le référendum illégal, et gouverne depuis seul par décrets et ordonnances grâce aux «pouvoirs exceptionnels» qu'il s'est arrogés. Les opposants au Niger, farouchement contre ce référendum, ont lancé dimanche un ultime «appel à la mobilisation pour faire échec» à cette consultation qui a aussi été critiquée par la communauté internationale. L'armée, en dépit d'une histoire riche en coups d'Etat, a jusqu'à présent adopté une attitude de totale neutralité dans le bras de fer politico-juridique entre le président et l'opposition. Fin juin, elle a appelé les protagonistes à «l'apaisement et la concertation». Par ailleurs, «La Coordination des forces démocratiques pour la République (Cfdr) appelle tous les démocrates sincères et tous les patriotes, pour qu'ils se mobilisent massivement en vue de faire échec au référendum illégal du 4 août 2009», a déclaré lors d'une conférence de presse, le chef de file de l'opposition, Mahamadou Issoufou. «Notre devoir de citoyen est de défendre l'actuelle Constitution», a affirmé M.Issoufou qui s'exprimait au nom de la CFDR, coalition comprenant trois partis d'opposition et les sept centrales syndicales du pays. M.Issoufou a notamment exhorté les Nigériens à appliquer l'article 13 de la Constitution qui stipule que «nul n'est tenue d'exécuter un ordre manifestement illégal (...)». Il a dénoncé «l'état d'urgence instauré de fait» dans le pays par le président Tandja, marqué selon lui par des «interpellations quasi-quotidiennes» des partisans de l'opposition. Dans une intervention musclée samedi, le ministre de l'Intérieur, Albadé Abouba, a adressé «une dernière mise en garde à tous ceux qui poserait des actes de violences avant pendant ou après le scrutin» pour «compromettre sa tenue ou ses résultats». «Des instructions fermes ont été données à tous les niveaux pour prévenir et réprimer sévèrement tout acte qui viendrait à perturber les opérations de vote», a prévenu le ministre sur les médias d'Etat.