Chutes boursières et scandales financiers dominent actuellement l'économie mondiale. L'euro est en forte hausse par rapport au dollar. La Bourse de Paris plonge de 3,25 % et les autres places financières du monde sont suspendues aux incertitudes de Wall Street. Telle est la situation financière du monde ces derniers jours. Certes, les différentes Bourses mondiales se sont reprises hier en Asie et en Europe après leur significative dégringolade d'avant-hier. Mais les scandales financiers et boursiers qui éclaboussent les milieux d'affaires américains et le personnel politique républicain au sommet même de la Maison-Blanche ne sont pas pour restaurer la confiance des investisseurs et atténuer les conséquences néfastes sur la stabilité et la reprise économique mondiale. En repli depuis la mi-2000, les Bourses, qui ont redoublé de volatilité notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, paraissent s'enfoncer davantage aujourd'hui à la faveur des scandales financiers alimentés par des manipulations comptables douteuses touchant de grandes entreprises américaines tels le courtier en énergie Enron, l'opérateur de télécommunications WorldCom ou encore le groupe pharmaceutique Merck. Les spéculations boursières, les délits d'initiés supposés ou réels, dont sont accusés les hauts responsables de ces «boîtes» et dont certaines entretiennent des relations très étroites avec des cercles du pouvoir dans l'Administration républicaine à Washington ont poussé le président Bush à faire un discours à Wall Street la semaine dernière dans une tentative de moralisation du champ économique et boursier. Faisant la leçon aux P-DG délinquants et annonçant une série de mesures pour lutter contre les crimes comptables et d'entreprise, le chef de l'Exécutif américain n'a cependant pas convaincu grand monde. Peu concrètes et très limitées - création d'une brigade financière, un budget renforcé de la SEC (Commission des opérations boursières américaine) et un contrôle accru des dirigeants d'entreprises -, les mesures du président américain ont laissé planer un doute certain quant à la volonté réelle de l'Administration Bush d'éradiquer ces fléaux qui rongent, depuis le début des années 90, l'économie américaine. Cela d'autant que le président Bush lui-même ainsi que son bras droit le vice-président, Dick Cheney, ne sont pas exempts de tous reproches et sont soupçonnés tous les deux, de malversations ou tout au moins de rétention de l'information sur celles-ci. Les détracteurs du président des Etats-Unis l'accusent d'avoir vendu ses actions dans cette compagnie juste avant la publication d'informations clés et d'avoir profité de prêts préférentiels de son entreprise. Le second est carrément poursuivi en justice par une organisation anticorruption sur de présumées manipulations comptables au sein de l'entreprise texane de services pétroliers la Halliburton, du temps où il en était le P-DG. Il va de soi que tous ces soubresauts qui traversent le monde de la haute finance internationale ne seront pas sans répercussions sur les économies des autres pays de la planète fortement interdépendants sous le poids de la mondialisation rampante. Déjà, on laisse entendre, ici à Alger, qu'avec un euro qui s'envole, on risque de payer plus cher nos importations de l'UE alors que l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) considère que la dégringolade des marchés financiers s'apparente «de plus en plus à un krach boursier». Bref, au regard de cette chute spectaculaire des Bourses mondiales et de tous les ingrédients de scandales qui lui sont rattachés par les spécialistes et autres experts des opérations financières, le constat s'impose de lui-même: le libéralisme du troisième millénaire a deux visages. Celui légal et apparent basé sur la liberté d'entreprise et le profit et celui souterrain, occulte et illégal, voire criminel, basé sur tous les trafics et les fraudes en tous genres.