Les marchés paniquent face à l'ampleur, encore mal mesurée, de la crise des crédits immobiliers à risque qui touche les valeurs bancaires. Les investisseurs craignent, par ailleurs, que les banques, plombées par de lourdes pertes, ne deviennent beaucoup plus méfiantes et resserrent leurs offres de crédit, entraînant des problèmes de financement de l'économie. LES MARCHÉS redoutent aussi que les fonds d'investissement creusent leurs pertes des placements "subprimes" qui ne valent plus rien, revendent leurs actions massivement. Ce qui ferait chuter beaucoup de titres de sociétés. Dans cette foulée, le Nikkei de la Bourse de Tokyo a plongé hier de 5,42 %, la crise des pertes aux Etats-Unis et le redressement du Yen sont les responsables de cette chute historique. Certains marchés d'Asie, Shangaï et Singapour par exemple, ont su exploiter les rebonds techniques pour acheter des actions devenues très bon marché. Ce vent de panique de jeudi a touché toutes les grandes places boursières, sauf Wall Street qui a terminé quasi-stable après avoir fortement tremblé en cours de séance. Vendredi les Bourses européennes, ont retrouvé le vert après avoir ouvert en baisse. L'économiste algérien Abderrahmane Mebtoul, estime que le versement massif de la Banque centrale européenne (BCE) qui a déversé plus de 100 milliards de dollars sur le marché pour parer à la crise et calmer les marchés, est relativement beaucoup plus faible. Il est estimé que cette masse d'argent a produit une certaine inquiétude au niveau des places financières européennes et qui explique cette "chute relativement faible de l'euro" par rapport au dollar. Evoquant la retombée de cette crise financière sur l'économie algérienne, M. Mebtoul dit "toute chute de l'euro est la bienvenue, 98 % des exportations algériennes se font en dollar et les 2/3 de ses importations se font en euro". Toute chute éventuelle de la monnaie européenne entraîne une diminution de la facture d'importation de l'Algérie, dit-il encore. Il faut dire, néanmoins, que la crise boursière a entraîné à la baisse aussi bien le dollar que le baril de pétrole ce qui n'est pas pour aider à stabiliser notre balance commerciale. Aussi, l'émergence d'une crise économique au niveau mondial aura certainement des conséquences fâcheuses sur les économies de tous les pays, dont l'Algérie, même si cet impact sera limité. En effet, même si nous ne disposons pas d'un marché financier dans le sens réel du terme et d'une Bourse qui joue un rôle actif, nous entretenons des relations commerciales avec de nombreux pays, notamment européens et une récession de l'économie dans ces pays nous touchera à coup sûr. Il en reste néanmoins que le crash boursier de ce week-end relance le débat sur l'intervention de l'Etat dans la sphère économique. En effet, les experts et les analystes financiers estiment, au regard de cette période de forte baisse sur fond d'inquiétude liée au marché du crédit immobilier américain, que les marchés ne doivent pas être laissés à leur seule liberté. "La seule liberté du marché abouti à des phénomènes caractérisés par des corrections brutales dont l'ensemble de l'économie mondiale en souffrira". Les mêmes analyses mettent l'accent pour dire que le marché est le meilleur moyen pour que les échanges se font, mais le marché libre devient un marché "fou", qu'il faut réguler dans la continuité. Les Etats ont leurs moyens pour le faire, mais ces marchés ne sont pas totalement mondiaux, et il faudrait une plus grande puissance des institutions internationales au niveau du FMI et des institutions internationales de régulation pour qu'il y ait des règles, mais aussi la capacité de les faire respecter. Au lendemain de cette crise entamée à partir des USA, les commentaires et les analyses indiquent que le secteur financier a "besoin d'une certaine sécurité. On ne peut pas accepter que des organismes financiers cumulent une série de risques sans avoir en contrepartie dans leurs comptes des garanties par rapport à ces risques et qu'il faut plus de règles prudentielles".