Depuis hier et jusqu'au 10 août, Alexandrie, la ville égyptienne, accueille la 25e édition de son Festival international du cinéma. Organisée par l'Association égyptienne des écrivains et critiques du cinéma, cette manifestation se veut cette année des plus éclectiques. Un programme spécial est consacré à l'Algérie avec trois films à la thématique et à l'esthétique variées pour ne pas dire complètement différentes. Sans doute un choix délibéré pour montrer la diversité du cinéma algérien, de la veine amazigh, en passant par le cinéma institutionnalisé au cinéma contemporain et indépendant. Avec la participation de 20 pays méditerranéens, cette année, le festival a reçu 75 films et en a sélectionné 45 dont trois films algériens qui sont donc Mimezrane d'Ali Mouzaoui, Kindy de Amer Bahoul et Gabla de Tariq Teguia. Ont été sélectionnés d'autres films égyptiens, français, italiens, slovènes et grecs, a rapporté le directeur du festival, Samir Chehata. S'agissant du premier film algérien, La filles aux tresses il s'agit d'un conte qui raconte l'histoire d'amour entre Hennouche et une orpheline, Mimezrane soumet chacun à de dures épreuves dans leur quête du bonheur. Ces derniers seront amenés à traverser monts et vaux pour se retrouver. Hélas! sans succès...Prix spécial du jury à la 8e édition du Festival du film amzigh, à Sétif, Mimezrane est un conte amazigh qui plaira sans doute aux grand comme aux petits. Le second film se veut un long métrage policier avec comme inspecteur le talentueux Sid Ahmed Agoumi. Il s'agit du second polar du cinéma algérien après Morituri d'Okacha Touita. Un nouveau s'inscrivant dans la même veine se tourne actuellement. Il s'agit plutôt d'un feuilleton portant sur les aventures et péripéties du commissaire Loeb d'après l'oeuvre du célèbre écrivain qui n'est plus à présenter, Yasmina Khadra. Le tournage se fera incessamment. C'est ce que nous a confirmé le producteur et réalisateur Bachir Derrais, rencontré à Oran, en compagnie de notre écrivain international, en coup de vent. Kindy qui était sorti en avant-première l'an dernier au Festival du film arabe a fini par sortir dans plus d'une salle. Il a pour ainsi dire fait le tour des salles de cinéma algériennes. A-t-il eu du succès pour autant? Loin des réflexes télévisuels et des commentaires creux de l'Unique,- le cinéaste s'en défend- In land (Gabla), le dernier long métrage de Tariq Teguia, s'illustre comme un ovni dans la sphère cinématographique en Algérie. Un film qui sort du lot. Un film qui a des nerfs et du coffre, un tempérament de glace comme l'est son «géniteur» Tariq Teguia. Un film à la marge du cinéma classique, qui prône une esthétique de «la rupture», novateur, pour dire l'Algérie des bannis et des malentendus. Un film déroutant qui porte un regard distant et à la fois proche sur la société dans laquelle nous baignons, laquelle est parfois traversée de soubresauts douloureux, de mirages humains ou de vacarme cosmique...mais toujours nimbée dans une sorte de constellation et de halo de lumières faisant baigner le spectateur dans une étrange eau de jouvence à faire arrêter le temps...In land raconte la vie d'un topographe blasé. En tentant de raccorder des fils électriques entre deux hameaux de l'Oranie, sa destinée se trouve raccordée à un tierce personnage, une harraga qui le mènera jusqu'au bout de ses forces et exigences. Un road movie aussi bien géographique, atemporel, intempestif qu'intérieur. Poétique et mystérieux, In land, pour info, a reçu l'an dernier le prix Fipresci de la critique internationale à la 65e Mostra de Venise. Gabbla s'est aussi à nouveau distingué par le Prix spécial du jury lors du dixième Jeonju international du film (festival en Corée) qui s'est tenu du 30 avril au 08 mai dernier. Quel accueil lui feront les Egyptiens? Sans sous-estimer la qualité du public d'Oum edounia, on se demande vraiment comment ce film, qui est à l'antipode du cinéma commercial et de la fête égyptienne va t-il s'en sortir, aux côtés d'autres films qui ne manqueront pas, sans doute, de faire du bruit. Tariq Teguia, on le sait, préfère faire parler son film...Pour rappel, l'an dernier le Festival international du cinéma d'Alexandrie avait fait parler de lui autrement, par le cri de détresse d'un marocain le réalisateur Nabil Ayouch qui suite à la déprogrammation à la dernière minute de son film Whatever Lola Wants, lors de l'ouverture du festival, avait exprimé sa surprise en suscitant une grande réaction y compris chez des personnalités de l'industrie cinématographique. Un tapage médiatique qui a marqué cette édition.