Les banques ont accordé quatre jours supplémentaires aux importateurs pour appliquer les dispositions de la loi de finances complémentaire. Les autorités ont adopté une méthode souple pour l'application des dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009. Cette attitude concerne l'article 69 de l'ordonnance. Il stipule que «les paiements des importations s'effectuent obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire». Ce dernier signifie qu'un engagement est pris par la banque de l'importateur de garantir à l'exportateur le paiement des marchandises. L'Association des banques et des établissements financiers (Abef) a donné instruction aux banques pour appliquer cette disposition à partir du 31 juillet. L'insistance des opérateurs économiques a été grande pour surseoir à l'exécution de cette décision. Le délégué général de l'Abef a alors souligné que les opérations d'importation ont bénéficié d'un délai supplémentaire de quatre jours pour que toutes les procédures soient finalisées. Il est néanmoins hors de question que les intrants ou les matières premières soient exclus de l'application de la loi, comme l'ont suggéré certaines organisations patronales à l'image de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa). Certaines sources nous ont expliqué que cette décision trouve son origine dans le fait que le gouvernement cherche à réduire considérablement les importations. De 40 milliards de dollars en 2008, elles ne devraient plus être que de 37,5 milliards pour cette année. Une des méthodes utilisées pour atteindre cet objectif est donc celui de mettre fin à l'utilisation d'autres moyens de paiement des opérations d'importation comme le transfert libre et la remise documentaire. Les sociétés importatrices sont dans l'obligation d'apporter une garantie financière quasiment équivalente au montant de la marchandise. D'ailleurs, le gouvernement ne s'arrête pas là pour compliquer la tâche des importateurs. La loi stipule que «la réalisation d'opérations d'importation ne peut être effectuée au moyen de procuration». Le titulaire du registre du commerce et le gérant de la société sont les seuls habilités à effectuer les opérations d'importation. Les entrepreneurs ne sont pas les seuls à monter au créneau pour s'insurger contre cette disposition et remettre en cause la décision du gouvernement. Même les analystes financiers sont de la partie. Mohamed Ghernaout est de ceux-là. Certes, selon lui, il n'y a rien qui justifie l'opportunité d'une telle démarche. Les entreprises seront dans l'obligation de geler leurs avoirs destinés à couvrir les importations pendant 3 mois, ce qui leur portera préjudice et affaiblira leur trésorerie. Les banques algériennes demandent des provisions considérables pour accepter d'ouvrir un crédit documentaire, contrairement à ce qui se passe lorsqu'il s'agit des anciens modes de paiement, à savoir le transfert libre et la remise documentaire. Il n'est donc pas étonnant que les entreprises orientent leur préférence vers d'autres règles de paiement jugées plus favorables, car moins contraignantes. Les importateurs et les fournisseurs doivent revoir la base de leurs relations commerciales et renégocier le régime de paiement alors que, jusqu'à présent, il y avait plutôt des relations de confiance entre les deux parties, relations qu'il faut rebâtir à nouveau selon les nouveaux paramètres. La mesure a aussi la particularité de financer les entreprises des autres pays, selon les données régissant ce mode de paiement. Certains pourraient trouver que la régulation du commerce extérieur est légitime mais pas la précipitation dans laquelle ont été prises de telles décisions. Personne n'a été consulté avant la promulgation de cette décision. Cela n'a jamais été d'ailleurs une tradition que de réunir les concernés avec les autorités pour discuter des retombées que ces démarches peuvent, ou pourraient, avoir sur le commerce extérieur du pays.