Le sursaut inhabituel d'Al Qaîda dans la bande sahélo-saharienne a induit le retour d'un certain débat sur l'implantation militaire américaine en Afrique. L'escalade intensive et rapide d'Al Qaîda à travers la zone sahélo-saharienne et son débordement jusqu'au Niger suscitent à la fois des interrogations et des inquiétudes. Les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest tendent à devenir une sorte de plaque tournante d'Al Qaîda. Après avoir investi le Mali, la Mauritanie, le Niger, la Somalie, cette organisation a, récemment, fait parler d'elle au Nigeria. En connexion étroite avec les puissants contrebandiers qui sillonnent les zones sahélo-sahraouies, les rebelles et autres groupes armés se revendiquant d'Al Qaîda gagnent du terrain avec une facilité déconcertante. D'où les concertations tous azimuts qui ont lieu actuellement afin de réduire la menace terroriste sur cette région de l'Afrique. C'est aussi l'occasion pour Washington de remettre sur le tapis l'implantation du Commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom) pour lequel les Etats-Unis n'arrivent pas à trouver un pays d'accueil. Ainsi, de fil en aiguille, un petit coin de voile commence à se dissiper. Plusieurs tentatives de faire abriter cet outil stratégique de l'armée US dans l'un des pays africains n'ont pas abouti. Cependant, avec ce basculement de la donne sécuritaire exacerbé par un sursaut inhabituel d'Al Qaîda dans la bande sahélo-saharienne, a vu le retour d'un certain débat quant à l'arrivée des Américains, par le biais de l'Africom, sur le continent noir. Il est vrai qu'outre assurer la sécurité dans cette région stratégique pour l'Afrique et l'Europe, cette région du Sahel dont le sous-sol regorge de matières premières: gaz, pétrole, uranium...) attise les convoitises des Etats-Unis, de la Russie comme de la Chine qui se disputent en arrière-plan cette région désertique qui ne laisse guère indifférentes les grandes puissances. Or, l'insécurité fomentée par Al Qaîda et les groupes terroristes qui s'en réclament, constitue un bon prétexte pour remettre à l'ordre du jour l'éventuelle implantation de l'Africom sur le continent africain. Basé à Stuttgart en Allemagne et disposant de personnels affectés aux ambassades et aux missions diplomatiques américaines dans de nombreux pays africains, le Commandement militaire des Etats-Unis pour l'Afrique a pour mission de coordonner les relations de coopération militaire entre les Etats-Unis et les 53 pays africains, ainsi que les organismes de la défense et de la sécurité africaines. Une délégation du Commandement militaire américain pour l'Afrique est actuellement abritée par le petit Etat de Djibouti dans le Camp Lemonier, plus exactement. Mais Djibouti est loin du théâtre des évènements qui se déroulent au Sahel. Aussi, une présence additionnelle sur le continent dépendra des négociations pour trouver des pays d'accueil. Or, les candidats africains pour accueillir l'Africom ne se bousculent pas au portillon. En fait, malgré la recrudescence de la violence au Sahel saharien, les pays africains ne sont toujours pas chauds pour accueillir sur leurs territoires des armées étrangères et préférent de loin travailler à d'autres solutions qui impliquent une force africaine sous l'égide de l'Union africaine. Aussi, ce retour à l'ordre du jour de l'Africom ne saurait au mieux n'être qu'un ballon sonde.