La coopération militaire entre l'Algérie et les Etats-Unis s'affermit. A la veille de sa visite en Algérie, au mois de mars, le secrétaire d'Etat américain à la Défense, Donald Rumsfeld, a dépêché, hier en éclaireur, l'adjoint au commandant des forces américaines en Europe. Charles F. Wald a été reçu, hieren audience, au siège de l'état-major de l'ANP, parle général d'armée Ahmed Gaïd Salah. «L'état actuel des relations de coopération militaire entre l'ANP et le commandement des forces américaines en Europe», ainsi que «les perspectives de leur développement», ont figuré au centre des entretiens auxquels ont assisté de hauts responsables de l'état-major de l'ANP et du ministère de la Défense nationale, indique un communiqué du ministère de la défense rendu public, hier. Habitué de la région, notamment de la bande sahélo-saharienne, où ont été menées récemment une série de manoeuvres conjointes, entre les forces américaines et algériennes, baptisées «Flint-Lock 2005 » au printemps 2004, Washington a décidé de porter de 7 à 125 millions de dollars le budget consacré à l'initiative Pan-Sahel, destiné à l'encadrement et au financement des opérations conjointes avec les pays de la région. Il convient de rappeler que ce n'est pas la première fois que le général Wald effectue une visite en Afrique. En février 2005, il avait effectué un long périple dans le continent, qui l'a mené dans plusieurs pays, notamment l'Algérie, le Gabon, le Nigeria et l'Afrique du Sud. Cette fois encore, l'hôte de l'Algérie mettra à profit son séjour pour relancer le dossier de la coopération et de l'échange de renseignements dans le cadre de la lutte antiterroriste. Comme nous le rapportions dans notre précédente édition, le secrétaire d'Etat, Donald Rumsfeld, a affirmé, lors d'un point de presse animé à Washington, que son pays «n'épargnera aucun effort et emploiera tous les moyens qu'il faut pour aider et assister les pays amis qui luttent contre le terrorisme au niveau de leurs frontières». Charles Wald, dont l'état-major coiffe le Maghreb et le Sahel, a prévenu, en mars 2004que des membres d'Al Qaîda cherchent à s'établir dans les régions subsahariennes incontrôlées, notamment, «dans la partie nord de l'Afrique, au Sahel et au Maghreb. Ils cherchent un sanctuaire comme en Afghanistan lorsque les talibans étaient au pouvoir. Ils ont besoin d'un endroit stable pour s'équiper, s'organiser et recruter de nouveaux membres», ajoute Wald. Des déclarations qui se sont vérifiées par la suite, avec l'arrestation de plusieurs cellules terroristes liées à Al Qaîda, aussi bien au Maroc qu'en Espagne. Ils avaient avoué, lors de l'interrogatoire, qu'ils préparaient des actions terroristes spectaculaires dans la région. Comme il s'apprêtaient à entrer en contact avec le Gspc algérien, ce dernier voulant à tout prix établir Al Qaîda dans la région. L'arrestation, ces derniers jours, d'un Franco-Marocain, qui voulait rejoindre les maquis du Gspc, est l'un des indices de la présence d'Al Qaîda au Maghreb. La stratégie préventive américaine est somme toute claire : c'est de contrer le terrorisme à des milliers de kilomètres de ses frontières. Depuis le début de l'année 2003, des forces spéciales américaines avaient pris position dans la bande désertique du Sahel et dans les zones frontalières des pays limitrophes, dont l'Algérie. L'objectif est d'empêcher que des organisations terroristes ne se forment rapidement avant de prendre d'assaut des intérêts américains. D'après des sources sûres, les Américains ont non seulement installé un important contingent militaire de 2 000 soldats à Djibouti, mais ils projettent la création d'une douzaine de bases dans la région : Sénégal, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Ghana, Maroc, Tunisie et Algérie. L'idée a été relancée par Donald Rumsfeld. L'Algérie qui deviendrait, d'après la conception des Etats-Unis, un « Etat pivot », indispensable pour les futurs déploiements militaires dans la région, serait un partenaire incontournable dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.