L'insécurité dans la bande sahélo-saharienne suscite un front unique. L'Algérie, la Libye et le Mali vont conjuguer leurs forces et leurs efforts pour déloger Al Qaîda de la bande sahélo-saharienne. Le président malien, Amadou Touré, a donné le ton avant-hier. «L'Algérie, le Mali et la Libye vont mettre en commun leurs moyens militaires pour combattre l'insécurité dans la bande sahélo-saharienne et liée notamment à Al-Qaîda», selon le président Amadou Touré dont le pays a fait l'objet ces derniers temps de menaces et pressions d'Aqmi qui a investi cette vaste zone depuis quelques années déjà. «Nous avons décidé de mettre en commun nos moyens militaires et de renseignements pour combattre ce problème», a poursuivi le chef de l'Etat malien. Selon ce dernier, les entretiens trilatéraux tenus lors du dernier sommet de l'Union africaine avec le guide Mouamar El Gueddafi, Abdelaziz Bouteflika ont porté essentiellement sur la situation qui prévaut dans la bande sahélo-saharienne. Dans le même contexte, un sommet régional sur l'insécurité dans la région du Sahel doit se tenir prochainement au Niger. Cette conférence sous-régionale sur l'insécurité dans le Sahel a été plusieurs fois reportée. Amadou Toumani Touré a déclaré: «Aujourd'hui, tout le monde est d'accord pour dire qu'il est temps d'aller à la conférence à partir du moment où chacun de nous a des difficultés pour gérer les menaces qui sont transfrontalières». La date de cette rencontre sera, selon lui, connue après le référendum constitutionnel qui doit se tenir au Niger le 4 août. Ce sommet doit réunir les dirigeants du Mali, du Burkina Faso, du Niger, de l'Algérie, de la Libye et du Tchad. Le 17 juin dernier, pas moins de 26 terroristes d'Aqmi ont été tués au cours d'une opération menée pour la première fois par l'Armée malienne à l'extrême nord du pays à la frontière avec l'Algérie. Cependant, le 4 juillet dernier, l'Armée malienne avait reconnu avoir subi des pertes dans ses rangs. Des dizaines de personnes sont mortes dans la région de Tombouctou lors d'affrontements avec Aqmi. Toutefois, avant d'annoncer la décision de mettre en commun les moyens militaires et de renseignements pour combattre ce fleau, l'Armée malienne a annoncé en juin dernier avoir entamé des opérations dans la bande sahélo-saharienne contre plusieurs groupes armés, dont Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Ces opérations vont toutefois connaître une pause, selon Touré, à cause de la saison des pluies. «Après environ un mois d'opération, les conditions climatiques ont commencé à se détériorer (...) Il y a les vents de sable qui réduisent la visibilité. Et lorsqu'il pleut, il faut attendre deux jours pour se déplacer. Les unités ont donc décidé de rejoindre leurs bases», a-t-il déclaré. Par ailleurs, six Européens et deux diplomates canadiens ont été enlevés au Mali et au Niger voisin. Tous ont été libérés, sauf un Britannique qui a été exécuté. Sur un autre plan, les ex-rebelles touareg seront également de la partie. Ces derniers seront désormais aux trousses d'Al Qaîda au Maghreb islamique en se ralliant à la lute antiterroriste contre (Aqmi). Leur engagement aux côtés des forces gouvernementales à oeuvrer contre Al Qaîda est venu après un long silence au cours duquel ils étaient soupçonnés d'être de mèche avec Al Qaîda. Ainsi, les Touareg vont réhabiliter les groupes ou les unités spéciales pour collaborer à la lutte contre la nouvelle menace d'Al Qaîda au Maghreb islamique. Les «unités spéciales» sont des troupes composées essentiellement d'ex-rebelles touareg, considérés comme les meilleurs connaisseurs du Sahara. Réunis au sein de l'Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), les ex-rebelles avaient signé il y a trois ans un accord de paix à Alger avec le gouvernement malien. Mais une frange de l'ADC, dirigée par Ibrahim Ag Bahanga, avait repris les armes avant d'être défaite début 2009 par les forces gouvernementales. Ag Bahanga est, depuis le début de l'année, réfugié en Libye. S'agissant de la réinsertion socio-économique des jeunes des trois régions du nord du Mali, un programme de réinsertion mobilisant 1,5 million d'euros est prévu incessamment, selon le texte final de la rencontre.