Quiconque dispose d'un pied-à-terre, se reconvertit en agence immobilière en louant son propre appartement. C'est devenu une habitude: la saison estivale à Béjaïa rime désormais avec rush et embouteillages. Depuis le début du mois de juillet, des milliers d'estivants venant de l'arrière-pays ont investi la côte béjaouie pour fuir les températures caniculaires qui sévissent à l'intérieur du pays et s'offrir des vacances, histoire de recharger les batteries après une harassante année de travail ou d'études pour les plus jeunes. De par le passé, la deuxième quinzaine du mois de juillet était rythmée par de grands afflux, mais cette année, les estivants ont été retardés. De l'extrême est à l'extrême ouest de la wilaya, le topo est pratiquement le même: les cités sont assaillies par les véhicules avec des plaques d'immatriculation renseignant sur l'origine des nouveaux venus. Les routes nationales, principalement durant le week-end, se chargent de kilomètres de files d'automobilistes qui s'arment de patience, n'ayant pour seul remède que la perspective d'arriver bientôt au bord de la mer pour y faire trempette. Que ce soit tôt le matin ou en fin d'après-midi, le spectacle est le même. Tôt le matin, des files affluent vers la côte et vice-versa dans la soirée. Au chef-lieu de wilaya, Béjaïa et les localités de la vallée de la Soummam, les encombrements sont devenus quotidiens et à des heures précises: en milieu de matinée, à midi et en fin d'après-midi. Ces derniers sont les plus tenaces car tout le monde réinvestit la ville après une journée à la plage. L'autre problème est causé par l'affluence de milliers de personnes et d'automobilistes vers un seul point - privilégié parmi tant d'autres - la Brise de mer. Sur les lieux, les estivants ont le loisir de consommer grillades ou glaces. A Béjaïa, comme partout dans les localités côtières, quiconque possède un appartement ou une maison et qui arrive à se caser quelque part avec sa famille le temps des vacances, met à la disposition des estivants les lieux moyennant pécule. D'année en année, les prix ne cessent de grimper. Sur les côtes est et ouest, les voitures des estivants emplissent l'essentiel des parkings et autres espaces publics. Des jeunes, qui s'improvisent gardiens de parkings, se frottent les mains devant cet afflux, synonyme d'augmentation du pactole amassé chaque nuit. Une manière pour eux de se rendre utiles et d'échapper, un tant soit peu, aux griffes du chômage et autres déviances. Une nouvelle forme d'hébergement a fait son apparition au niveau des parkings des plages. Des familles passent leurs nuits sur les plages et à même le sol. Des vacances à tout prix. Les hôtels affichent complet. Les plages et les routes aussi.