En dépit de l'absence de commodités, le marché de la location bat son plein. Le prix de la nuité peut atteindre les 4000 Da. Partir en vacances suppose d'abord le choix d'une destination. Une fois celui-ci fait, un autre casse-tête se présente. Il s'agit de la formule d'hébergement: hôtels, appartements, camping, une large gamme de produits est mise à la disposition des vacanciers qui optent pour l'un ou l'autre suivant des critères liés aux prestations, prix et proximité. Le prix de la location reste, cependant, le facteur déterminant pour décider. C'est ce qui nous a été donné de constater au cours d'un reportage sur la côte bedjaouie en ce week-end de juillet. Depuis quelques années déjà, la capitale de la Soummam est devenue la destination préférée de milliers d'estivants et de touristes en provenance des quatre coins du pays et de l'étranger. Jouissant d'un emplacement idoine enviable, et d'une réputation festive, ses structures d'accueil ont vite été dépassées part le flux des touristes. Ces atouts, ajoutés à l'hospitalité de sa population, ont poussé la wilaya à développer des nouvelles structures d'accueil. En tout, Béjaïa compte 69 hôtels de 1807 chambres totalisant 3611 lits. Le flux des estivants vers Béjaïa sera sans aucun doute important cette année encore, même si en matière de nouvelles infrastructures il n'y a point de nouveauté. D'où cette insuffisance, d'où ces nouveaux mécanismes de substitution. Ayant saisi l'importance de ce rush pour le tourisme balnéaire local, des particuliers soutenus par des agences immobilières se sont inventé le métier de locataires saisonniers. Ce faisant, les prestations qui y sont assurées ne répondent pas aux normes requises et à la demande exprimée. Jeudi 8 juillet: Nous sommes à Aokas. Une station balnéaire connue pour ses plages et ses sites naturels. Des familles sont déjà installées. Dans les hôtels on affiche un taux d'occupation de 40%, qui atteint les 100% en week-end. Cela n'est pas une raison pour M.Mouhli, propriétaire du complexe touristique «Sahel» d'être pessimiste. «Le grand rush est attendu à partir de cette semaine», dit-il en nous accueillant à la réception de l'hôtel. Situé en pleine forêt d'Aokas, cet établissement hôtelier reçoit chaque été des centaines de familles pour des séjours allant d'une semaine à 15 jours. Nous nous sommes intéressés au prix de la chambre double, la formule la plus prisée par les familles, pour avoir un aperçu sur les prix des locations sur la côte de Béjaïa. Au Sahel, elle coûte 8550 DA la nuitée en pension complète pour un couple. Un lit supplémentaire pour chaque enfant vous coûtera 3000 DA en pension complète. Le prix baisse pour atteindre 6150 DA en demi-pension. Le gérant de l'hôtel avance l'argument des prestations pour expliquer ce prix sur lequel s'alignent d'ailleurs tous les hôtels de la côte ouest de la wilaya. Chambres retapées à neuf, climatisation, télévision et parabole, restauration gastronomique, parking couvert et gardé, eau H/24, plage, autant de prestations qui se paient, il va de soi. «Ces prix peuvent être revus à la hausse en août», nous indiquait Ammi Ahmed en visitant les chambres. Spacieux et avec vue sur mer, ces espaces peuvent accueillir des familles de quatre personnes et plus. En ville, les agences immobilières ne désemplissent pas. Plusieurs appartements sont proposés à la location pour la période estivale. Sur l'une des affiches qui couvrent toute la vitrine d'une agence immobilière, on peut lire «Loue pour la saison estivale F2 meublé très propre au RDC entrée individuelle (parking) au centre de Tichy à 100 m de la plage Prix 4000 DA /nuitée», «Loue bungalow R+1 meublé, avec terrasse à 200m de la plage, endroit familial. Prix: 20u/mois». «Loue plusieurs appartements meublés à Aokas, à 100m de la plage. Prix: 3500 DA/nuitée» «Loue plusieurs appartements meublés à Béjaïa-centre. Prix: 3 500 DA/nuitée». La location chez les agences immobilières, donc chez les particuliers, coûte 50% moins cher que dans les hôtels, certes mais la qualité des prestations laisse souvent à désirer. Cet avocat, venu de Constantine pour prospecter une location pour sa famille, se montre plutôt sceptique. «Je viens de visiter deux appartements. Franchement, ce n'est pas l'idéal. La literie, les équipements en général laissent à désirer et puis pour ce prix, je préfère l'hôtel, là au moins, on n'aura rien à faire.» Une sentence qui dénote clairement la façon dont s'y prennent les particuliers pour accueillir les estivants. «Nous ne sommes que des intermédiaires», avancent les gérants des agences immobilières que nous avons pu approcher, précisant que «les prix et les équipements sont du ressort des propriétaires». Ces derniers sont souvent des fonctionnaires et autres employés, qui, l'été venu, se rendent dans leurs villages d'origine cédant leurs appartements aux vacanciers. Une manière pour eux d'assurer une rentrée sociale des plus aisées. «Chaque année je loue mon appartement et je gagne en contrepartie environ 200.000 DA», nous signifie ce propriétaire qui nous invite à une visite des lieux. Un F3, qui se transforme en F2, une chambre étant fermée à clef pour contenir le temps de la saison les affaires de la famille. Le locataire aura droit au reste des pièces, soit un salon avec balcon, une pièce avec deux lits, dont les matelas ont visiblement beaucoup servi, une cuisine avec des équipements aussi vieux les uns que les autres, un téléviseur noir et blanc doté toutefois de parabole. Le tout dans un quartier surpeuplé. «Vous trouvez toujours des locataires?» avons-nous demandé. «Cet appartement sera occupé à parti d'aujourd'hui et jusqu'au 20 août. Quatre familles se succèderont», répondit-il fièrement. Interrogé sur la qualité des équipements, notre interlocuteur soutenait qu'il ne pouvait pas faire mieux sachant que «ces clients ne font pas trop attention et dégradent sérieusement tout ce qui est mis à leur disposition». Pour mieux expliquer la situation il ajoutera: «Je répare ce téléviseur après chaque départ et à la fin de chaque saison je dois refaire toute la peinture de mon appartement.» Qu'à cela ne tienne, les familles algériennes, qui affluent sur la côte est de Béjaïa en été, préfèrent louer ces habitations de particulier à particulier plutôt que d'opter pour les locations dans les complexes. Une situation qui a fait naître une incompréhension chez les professionnels du secteur de l‘hôtellerie. Ces derniers ne manquent pas d'accuser ces particuliers de concurrence déloyale. Le feuilleton est encore présent cet été. Il faut reconnaître que le touriste s'appuie souvent sur le facteur prix pour choisir la formule d'hébergement. En dépit de la mauvaise qualité des prestations chez les particuliers et le prix fort affiché, on estime toujours préférable de louer chez lui. «J'ai une famille de 8 personnes et je ne peux me mettre que dans un appartement en dépit des prestations que je couvre avec mes propres moyens.» Voilà comment explique Rachid de Bordj son choix pour un appartement particulier. Ce n'est pas le choix de Hamid, un cadre dans une société privée à Alger. Avec sa femme et ses deux enfants, il s'apprête à louer à l'hôtel Syphax. Il est 14 heures. Notre touriste a fait tous les hôtels de la ville de Tichy. «C'est l'établissement le moins cher», dit-il. Nous le vérifierons nous-mêmes par la suite. Hamid opte pour un complexe avec des vacances dignes de ce nom. «Ma femme et moi-même n'auront rien à faire pendant 15 jours», soutient-il. La chambre double coûte dans cet établissement 7300 DA en demi-pension, soit un peu plus cher qu'au complexe visité à Aokas. Une visite guidée avec le patron nous a permis de constater véritablement les efforts consentis en matière de prestation. L'ascenseur, les chambres spacieuses avec des équipements à même de vous faire oublier la facture. Un jardin pour enfants, un parking gardé, toutes ces prestations n'existent pas chez les particuliers. La location dans cet établissement reste la plus basse à Tichy. Au Saphir Bleu, la même chambre est cédée à 7500 DA avec une restauration à la carte pour laquelle il faut débourser entre 800 et 1200 DA. Vous avez toutefois le choix de vous restaurer à l'extérieur. A la Grande Terrasse, la chambre double vaut 8100 DA en demi-pension. 5% de réduction sont accordés aux estivants qui optent pour un séjour de plus d'une semaine. A l'hôtel Hammadites, elle fait 7900 DA avec vue sur mer. Comme on le voit, les hôteliers affichent des prix différents et chacun y va de son argument pour convaincre le client. Des hôtels, construits le long de la côte, proposent diverses formules d'hébergement à des prix relativement élevés en été. Une nuitée dans une suite climatisée de moins de 20 m² comprenant un salon, une chambre, une salle de bains et une petite terrasse est proposée entre 12.000 DA et 15.000 DA. Cela sans repas, ni programme de loisirs. Des bungalows de haut standing pourvus de trois chambres, un salon, une salle de bains et une cuisine sont également proposés pour le même prix. On a eu beau chercher un établissement proposant à ses clients des sorties touristiques, on n'en a pas trouvé. On n'est pas encore à ce stade. Du coup, les journées de mauvais temps, on reste cloîtré dans la chambre. Les plus entreprenants se débrouillent par eux-mêmes pour visiter les sites dont la nature a doté Béjaïa. Là encore, les locations de taxi ne sont guère encourageantes. La moindre course vers Gouraya et autres sites vous coûtera les yeux de la tête. Le taxi ne vous attendra pas. Quoi que vous lui promettiez, il vous quittera une fois sur place. Des clients ont été contraints d'attendre des heures pour voir le taxi arriver. Deux heures, trois heures de retard pour un rendez-vous fixé d'un commun accord. «Ici on loue des bungalows très bien meublés avec jardin et grande terrasse, pieds dans l'eau. Endroit sécurisé et familial. Prix: 30u/mois.» Nous sommes à Boulimat, sur la côte ouest de Béjaïa. Une belle région en somme mais qui reste trop chère: 10.000 DA la nuitée. Un peu moins dans les appartements certes mais plus chère qu'à la côte est. Chez Rachid, à Tighremt, des F2 tout neufs sont proposés à 85.000 DA la semaine. Le camping n'existe pas à moins de 7000 DA la semaine, y compris chez les organismes étatiques tels que la commune et les oeuvres sociales des entreprises publiques. Pour ceux qui ne peuvent pas s'offrir le luxe de ces villas, il reste les appartements de type F2 loués à 60.000 DA le mois et les F3 à 100.000 DA et plus. D'autres ont trouvé l'astuce en reconvertissant leur garage à bateau ou encore leur débarras pour les louer à 30.000 DA et plus le mois. C'est dans les villes côtières de l'Est que ce genre d'abris existe notamment durant le mois d'août. Peu importe où l'on dort, l'essentiel est d'être près de la mer. C'est ce que semblent dire ces milliers de citoyens venus des régions de l'intérieur.