Les gardes-côtes algériens ont intercepté 73 personnes à bord de trois embarcations de fortune en l'espace de ces dernières soixante-douze heures. Ils sont âgés entre 15 et 41 ans. 28 candidats à l'émigration clandestine, en fuite depuis la nuit de jeudi à vendredi, ont été arrêtés samedi après une traque qui a duré 12 heures. Ce qui porte à 250 candidats à l'émigration clandestine arrêtés depuis le mois de juin 2009 par les gardes-côtes de Annaba. Le moment est grave. Le problème est d'une complexité telle qu'aucune réponse à ce problème ne semble pour le moment répondre de manière efficace à ce phénomène. Le désarroi est total. Le drame d'une violence inouïe. Autant sur le plan physique que psychologique. Les jeunes Algériens, du moins, ceux qui ont pris la décision de fuir le pays coûte que coûte, se sont transformés en «kamikazes des mers». Ils affrontent ceux qui sont chargés de les poursuivre, de les pourchasser, pour très certainement, afficher leur détermination. La mort ne leur fait pas peur et leur acte qui est passible de prison est loin de constituer un mode de dissuasion. Les drames s'ajoutent aux drames. Les familles s'endeuillent. Combien des leurs auront péri en mer? Les douleurs sont insupportables, mais ils ne reculeront pas tant que leurs problèmes ne seront pas pris efficacement en charge. Dans une lettre ouverte adressée au mois de janvier 2009 à Abdelaziz Belkhadem qui avait déclaré à l'époque sur les ondes de la Chaîne III: «S'il y a des solutions miracles pour les harraga nous sommes preneurs», Yasmina Khadra s'est adressé ainsi à l'ex-chef de gouvernement: «Comment peut-on sévir contre une jeunesse effroyablement désenchantée alors qu'il est question de la sauver de l'ennui en train de la chosifier? Comment ose-t-on jeter en prison de jeunes gens qui ont choisi de risquer leur vie au large de la mer plutôt que de moisir au pied des murs défigurés ou à l'ombre de cafés sinistrés?», pour ajouter presque en guise de conclusion «depuis quand les geôles sont-elles des cures thérapeutiques, un antidote, une panacée? Incarcérer les harraga est un non sens, une absurdité». Sept candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés par une unité relevant des gardes-côtes dimanche à 19 miles au nord de cap Kramis (Mostaganem), a-t-on appris de ce corps de la Marine nationale. Ces aventuriers, qui ont été interceptés tôt le matin à bord d'une barque, avaient pris le départ d'une plage de la côte est de Mostaganem. La même source a ajouté que ce groupe de jeunes, issus de Mostaganem et ses environs, et dont l'âge ne dépasse pas la trentaine, a été reconduit à 13 heures au port de Mostaganem.