Au-delà de la donne sécuritaire, ce touriste n'est pas emballé par la destination Algérie pour diverses autres raisons. C'est l'été. Le temps du farniente, des voyages et du tourisme partout dans l'hémisphère boréal. Mais, chaque année, les touristes étrangers sont très peu présents dans notre pays. La destination Algérie est peu ou pas du tout choisie par les prétendants au voyage d'outre-mer qui préfèrent se rendre en Tunisie et au Maroc ou encore en Egypte. Quelles sont les raisons et les causes de ce boycottage qui ne veut pas dire son nom, si boycott il y a, et pourquoi les touristes semblent avoir une certaine hésitation pour ne pas dire refus de venir en Algérie? Si l'image extérieure du pays a été particulièrement touchée par plus d'une décennie de terrorisme et de violence en tous genres, le constat relatif à l'absence d'un nombre élevé de touristes étrangers en Algérie durant la période estivale ne date pas d'aujourd'hui, ni de la dernière décennie. Déjà, dans les années 70, l'Algérie était vue par certains milieux outre-méditerranéens s'occupant des loisirs, des voyages et du tourisme d'une manière générale, comme une destination peu fréquentable, car classée comme un pays fermé. Autrement dit, le prétexte sécuritaire avancé par certains responsables du secteur pour expliquer la non-présence massive de touristes dans le pays, à l'instar de notre voisin de l'Est, la Tunisie, ou de l'Espagne qui reçoit chaque année un flot de pas moins de 30 millions de touristes et autres visiteurs, avec tout ce que cela représente comme entrée en monnaie forte pour ce pays et comme opportunité d'emplois pour ses citoyens, n'est que l'arbre qui cache la forêt des obstacles structurels, culturels et bureaucratiques qui minent la gestion de ce secteur de l'économie nationale. En effet, outre la faiblesse, sinon l'inexistence de véritables campagnes modernes et crédibles de marketing, de publicité et de promotion à l'étranger de la multitude de sites touristiques algériens intéressants, il y a tous les autres ingrédients qui font qu'un pays soit attrayant et qui font vraiment défaut en Algérie. D'abord, les infrastructures de base, en particulier les hôtels et autres lieux d'hébergement tels les pensions à des prix abordables pour le touriste moyen, sont soit insuffisantes soit d'une insalubrité à faire fuir le dernier des clochards. Ensuite, l'eau courante chaude et froide 24h/24, a presque toujours été absente ou irrégulière dans les espaces touristiques algériens. La crise actuelle de l'eau qui dure quand même depuis plusieurs années et dans diverses parties de l'Algérie, n'est pas faite pour améliorer la situation. Enfin, le transport avec tous ses volets (autobus, taxis, chemin de fer...) reste très en deçà des normes prévalant dans les pays à forte présence touristique. Or, la principale préoccupation que le touriste étranger à sa descente d'avion ou du bateau, c'est de savoir : comment effectuer ses déplacements, à quels tarifs, et surtout combien cela lui prendra en termes de temps? L'anarchie qui prévaut actuellement dans ce domaine, conjuguée à l'absence de l'autorité publique dans la rue pour sécuriser et rassurer de jour comme de nuit le touriste, comme cela se fait ailleurs, décourage le plus téméraire des amoureux de contrées algériennes. En somme, depuis l'indépendance du pays, il y a quarante ans, la politique touristique des pouvoirs publics successifs ne s'est pas vraiment occupée sérieusement de ce secteur capable pourtant de drainer d'immenses ressources en devises s'il était pris en charge convenablement. Investissements chétifs ou inadéquats, questions de foncier et de statut d'entités touristiques non encore résolus, discours creux, démagogiques et sans prise sur le réel, le tourisme reste le parent pauvre du modèle de développement à l'algérienne.