Corruption, insécurité, manque de stabilité sont des phénomènes qui entravent l'émergence d'un climat des affaires transparent. Il n'est pas facile d'entrer en relations d'affaires avec l'Algérie, notamment lorsqu'il s'agit du commerce extérieur. Le pays est classé à la 112e place en matière de facilitation du commerce extérieur sur une liste comportant 121 pays. Seulement cinq pays africains font pire que nous en matière de complication des procédures: Burundi, Nigeria, Zimbabwe, Côte d'Ivoire, Tchad. Avec cette maigre performance, il faudrait que le ministre du Commerce, Hachemi Djaâboub, s'attende à être questionné davantage par l'administration de l'OMC avant qu'elle ne nous donne son feu vert pour intégrer cette organisation mondiale. Le rapport du Forum économique mondial comporte, en effet, une série de contributions d'experts et d'acteurs des échanges internationaux qui examinent différents aspects liés à l'encouragement du commerce. Cette année, une importance particulière a été accordée aux formalités douanières, l'un des thèmes-clés des négociations de Doha sur la facilitation du commerce. Or que constate-t-on? Que l'Algérie impose beaucoup de barrières tarifaires, que ce soit pour les produits agricoles ou autres. Les tarifs sont compliqués et variés, même s'ils ne sont qu'au nombre de quatre. Le Forum vient ensuite pointer du doigt les procédures douanières dont la complexité force le pays à être à la 115e pour ce chapitre. Pour l'import-export, les modalités demeurent toujours floues pour les rédacteurs du rapport qui ont aussi décelé la lenteur des délais pour les opérations d'importation ainsi que le nombre toujours croissant de documents nécessaires pour accomplir cette formalité à quoi s'ajoute une explosion des coûts. L'exportation n'est pas mieux lotie car les opérateurs souffrent des mêmes maux (délai, procédures, documents). La corruption est un autre indice intégré par l'étude. On est à la 72e position à propos de cette donne. Le manque de transparence des taxes est aussi un mal dont souffre le commerce extérieur car celles-ci changent tout le temps tout comme leurs modalités de paiement. Pour la stabilité du cadre juridique et réglementaire, ce n'est pas à l'Algérie que la palme d'or est décernée. Les infrastructures de transport n'échappent pas aux griefs des rédacteurs du rapport. Leur qualité est décriée, que ce soit pour les transports maritime, aérien ou routier. Les infrastructures, les services et l'utilisation des technologies de l'information et de la communication sont loin d'être au top. Mais là où les conclusions sont les plus sévères, c'est en ce qui concerne l'environnement des affaires où on est classé à la 101e place. Les droits de propriété, le manque d'éthique, source de corruption, le trafic d'influence, l'inefficacité de l'administration, la concurrence, l'ouverture à la participation étrangère, sont autant de points répertoriés par le rapport. La sécurité est aussi traitée dans le rapport car elle est en relation avec la tranquillité recherchée par les investisseurs. Et là, le Forum économique mondial découvre que l'efficacité des services de sécurité n'est pas trop visible (62e place). Les crimes, la violence et le terrorisme sont assez d'éléments qui participent à la dégradation du statut de l'Algérie aux yeux des partenaires économiques. Les enlèvements, les assassinats et les attentats qui continuent de se produire ne sont pas de nature à mettre nos partenaires dans la confiance la plus totale. Les attentats ayant ciblé des étrangers ont poussé certaines entreprises à prendre des mesures supplémentaires de sécurité ou à renvoyer les familles des travailleurs dans leurs pays d'origine, ce qui a laissé des traces dans l'appréciation sur l'Algérie. A travers cette étude, on constate que les indices utilisés se sont penchés sur les facteurs encourageant le commerce dans quatre domaines: l'accès au marché, l'administration douanière, l'infrastructure de transport et de communication et l'environnement commercial. Y sont également inclus des profils détaillés de chacune des économies couvertes par l'étude pour mieux analyser l'ensemble des mesures qui simplifient les échanges commerciaux à l'échelle internationale ainsi que les politiques et les services qui favorisent la libre circulation des marchandises à travers les frontières jusqu'à leur point de livraison. L'analyse de ces critères ont fait que le Forum a placé la Tunisie au premier rang au niveau maghrébin puisqu'elle se situe à la 41e place, dépassant le Maroc (55e). La Tunisie regroupe de nombreuses qualités qui manquent à l'Algérie. En matière de qualité des services administratifs, elle est à la 32e place. Pour les conditions dans lesquelles se fait le commerce, elle occupe le 21e rang. La faiblesse du classement de l'Algérie est le résultat du manque de réformes structurelles pendant les deux décennies précédentes. Il n'y a pas eu de modernisation de l'économie ce qui a empêché l'amélioration de l'environnement des affaires et la mise en place de conditions idoines pour intégrer l'Algérie dans l'économie de marché. La limitation draconienne du commerce et des investissements internationaux dans le cadre de la nouvelle stratégie ne vont pas apporter des résultats fructueux au développement économique, si l'on croit les conclusions du rapport qui insiste sur l'ouverture des frontières. Ces conclusions vont aux antipodes des certitudes du gouvernement algérien qui pense, au contraire, que l'ouverture des frontières n'a conduit qu'à un transfert massif de devises vers l'étranger avec 40 milliards de dollars d'importations en 2008. L'Algérie est aussi, loin d'avoir mis en place une administration douanière et un environnement commercial efficaces. Elle n'est pas dotée d'infrastructures de transport et de télécommunications fortement développées pour assurer un transit rapide vers la destination finale.