Une fois de plus, le mois de Ramadhan s'annonce des plus «chauds» en matière des prix des produits de consommation. «Le ministère du Commerce ne s'occupe que du contrôle de la qualité. Le contrôle des prix n'est pas de son ressort.» Telle est la position affichée par le département de El Hachemi Djaâboub face à la hausse anormale que connaissent les prix des produits de consommation à la veille de chaque mois de Ramadhan. Joint hier, M.Taïfour, responsable de la communication au ministère du Commerce, a affirmé que «l'Algérie a adopté l'économie de marché. Dans ce cas-là, les prix sont libres. Le marché ne peut être régulé par le ministère du Commerce car répondant à la loi de l'offre et de la demande». Une manière comme une autre de se dégager de toute responsabilité en relation avec la hausse des prix qui défraie la chronique à chaque approche de ce mois de piété. Et le même responsable de soutenir que le ministère du Commerce a pris toutes ses dispositions pour un meilleur contrôle de la qualité et une lutte efficace contre la fraude. Pourtant, les différentes directions de contrôle des prix dépendent, à moins d'un changement passé inaperçu, du département de El Hachemi Djaâboub. De ce fait, les pauvres ménages, dont la bourse est fortement éprouvée par une véritable saignée à chaque rentrée sociale, devront subir encore le diktat de commerçants avides de gain facile. Et ce, comble de l'anarchie, en l'absence des autorités concernées. Les nouvelles dispositions devant être adoptées par ce secteur pour la protection du consommateur sont, pourtant, bien explicites dans les textes de la nouvelle loi 09-03 adoptée le 25 février 2009. La loi en question, donne de larges prérogatives aux agents de contrôle afin d'intervenir en tout temps et tout lieu. Cependant, au moment où le ministère sus-cité parle incessamment de la mobilisation de 1500 agents de contrôle pour protéger le consommateur contre la fraude et mettre fin à la spéculation des prix durant le mois de Ramadhan, nombreux sont les commerçants qui continuent à violer cette même loi en toute impunité. Dans le même contexte, nombreux sont les citoyens unanimes à dire que les lois existent mais leur application demeure «un sujet tabou». Et pour cause. Malgré un arsenal juridique des plus rigoureux, le contrôle des produits et la protection du consommateur ne répondent même pas aux normes universelles. «A chaque approche de ce mois sacré, c'est l'appréhension et le désarroi. Les commerçant affichent des prix exorbitants sans que les pouvoirs publics daignent intervenir», s'est indigné Ammar, un père de six enfants avant d'ajouter: «Les commerçants vendent des produits alimentaires étalés à même le sol. Les laboratoires de contrôle existants chez nous ne sont pas aussi fiables qu'on le croit.» Pour ce citoyen parmi des millions d'autres, «chaque année, les responsables rassurent que la situation est maîtrisée, que la récolte est bonne et que les produits de base sont disponibles. Cependant, il suffit de faire un petit tour dans les marchés pour constater de visu le contraire». L'Union générale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa), quant à elle, a appelé au gel de la nouvelle loi durant le mois de Ramadhan, la jugeant «sévère et répressive envers les commerçants». Pour les responsables de cette Union, la loi 09-03 préconise des sanctions rigoureuses «pour des fautes minimes».