Photo : Riad Par Samira Imadalou Les consommateurs l'auront sans nul doute remarqué. Les prix des produits alimentaires de base ont flambé. A l'exception de la pomme de terre, aucun autre produit n'a été épargné par cette hausse vertigineuse qui met les citoyens, pour la énième fois, à rude épreuve. Pourtant, rien n'explique cette augmentation des prix. Prenons le cas du sucre, un produit dont la consommation est fort importante en Algérie. Dès que les prix ont flambé sur le marché international, atteignant des pics jamais égalés depuis 30 ans, cela s'est vite fait ressentir sur le marché national, des prix qui ont frôlé les 100 DA le kg. Mais lorsque les cours du sucre sont passés de la hausse à la baisse, les prix appliqués par nos commerçants sont restés inchangés. La baisse des prix à l'importation se répercute en effet rarement sur le marché algérien. Car, généralement, devant l'absence d'un contrôle régulier, les commerçants et les importateurs, beaucoup plus soucieux de remplir leurs caisses, profitent des situations où les produits sont cédés à bas prix sur le marché international pour constituer des stocks à vendre dès que la pénurie ou la cherté se fait sentir. Finalement, le consommateur se retrouve souvent pris en otage par les commerçants. Il faut dire que l'absence d'associations de consommateurs sur le terrain favorise cette situation de flambée. Un phénomène qui s'est accentué en touchant ces derniers jours les fruits et les légumes. Cédées entre 120 et 220 dinars, les pommes et les oranges sont inaccessibles. La tomate en parallèle a, en l'espace de quelques jours, vu son prix passer de 40 à 80 DA le kg. Il est en somme de plus en plus difficile de remplir son couffin et de nourrir sa famille. La spirale de la flambée ne s'annonce pas de courte durée. Déclenchée périodiquement, celle-ci est devenue au fil du temps habituelle. Elle n'est pas propre à une certaine période comme le mois de Ramadhan, qui s'annonce d'ores et déjà chaud en matière de prix. La volonté du gouvernement de freiner le taux d'inflation et de le faire porter à moins de 3,5% semble difficile à réaliser à la lumière des indicateurs actuels. Lesquels montrent clairement que ce sont les produits agricoles frais et les viandes qui ont enregistré le plus de hausse en 2009. Parallèlement à l'augmentation des prix, le consommateur algérien fait face à une pratique des plus déloyales, à savoir l'introduction sur le marché de produits de qualité douteuse. Lesquels sont de plus en plus nombreux à pénétrer nos frontières. Certes, les services de contrôle saisissent régulièrement des quantités importantes de ces produits mais on continue à les retrouver sur le marché avec la complicité de certains réseaux. Même les médicaments n'échappent pas à ce phénomène. Rien que pour l'année dernière, les services du ministère du Commerce ont bloqué 68 399 tonnes de produits d'une valeur de 7,3 milliards de DA pour non- conformité avec les normes requises à l'importation. Ces mêmes services ont établi 1 758 décisions de refus d'admission en 2009 et ont transmis au parquet 1 333 dossiers relatifs à des opérations d'importation frauduleuses. Tout cela pour illustrer le danger auquel est soumis le consommateur. Le resserrage de l'étau autour des importateurs avec les nouvelles réglementations tarde apparemment à porter ses fruits. Pourquoi ? Tout simplement parce que ces importateurs, tout comme les commerçants, réussissent à trouver sur leur chemin des facilitateurs qui leur déroulent le tapis rouge pour la fraude en contrepartie de pots-de-vin. Tant que la corruption continue à miner l'économie…