Selon des témoins, la police du Hamas a donné l'assaut à l'arme lourde à une mosquée de Rafah dans laquelle s'étaient retranchés, vendredi après-midi, des membres du groupuscule. Le mouvement islamiste Hamas a écrasé un groupuscule radical rival à Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, lors d'une opération de répression sanglante qui a fait 24 morts et au moins 120 blessés, selon les services d'urgence palestiniens. Le chef du groupe salafiste Jund Ansar Allah, Abdelatif Moussa, a été tué par la police du Hamas au cours des combats, a précisé hier une source médicale palestinienne. «Les heurts qui ont opposé dans la nuit de vendredi à samedi le Hamas et un groupe d'extrémistes ont fait 22 morts et au moins 120 blessés», a indiqué un porte-parole des services d'urgence palestiniens. «Cinq policiers du Hamas ont été tués et dix autres blessés. Les affrontements ont pris fin samedi à l'aube», a ajouté le porte-parole. Le chef de la branche militaire du Hamas pour la région sud de la bande de Ghaza, Mohammed el-Chamali, figure parmi les morts. Selon des témoins, la police du Hamas a donné l'assaut à l'arme lourde à une mosquée de Rafah dans laquelle s'étaient retranchés vendredi après-midi des membres de Jund Ansar Allah. Cette organisation accuse le Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza, d'être trop modéré, notamment en matière de moeurs. Les combats se sont poursuivis jusqu'à samedi à l'aube, a déclaré un porte-parole du ministère de l'Intérieur relevant du Hamas. Il a ajouté que «des combats acharnés ont même eu lieu dans des tunnels creusés sous la frontière avec l'Egypte». Rafah est à cheval sur la frontière égyptienne. D'après une source médicale, le chef de Jund Ansar Allah, Abdelatif Moussa, ainsi que son adjoint Abou Abdallah Assoury, ont trouvé la mort quand la police a fait sauter une maison où ils se trouvaient à Rafah. L'accès à tous les hôpitaux de la bande de Ghaza a été interdit à la presse par le Hamas qui contrôle ce territoire depuis juin 2007 «pour des raisons de sécurité générale», a précisé la même source. Vendredi, entouré de combattants armés, Abdelatif Moussa n'avait pas hésité à proclamer son allégeance à un «Emirat islamique au coeur de Jérusalem», dans un communiqué largement publié sur Internet. Le Jund Ansar Allah compterait quelques dizaines d'activistes et plusieurs centaines de sympathisants, selon des experts palestiniens. Il opère essentiellement dans le sud du territoire de Ghaza, notamment à Khan Younès et à Rafah, ses bastions situés à la frontière avec le Sinaï. Plusieurs attentats meurtriers ont été perpétrés dans le Sinaï par des groupes islamistes radicaux, notamment en avril 2006 à Dahab (22 morts), en juillet 2005 à Charm el-Cheikh (70 morts), et en octobre 2004 à Taba (34 morts, dont 11 Israéliens). Idéologiquement proche de l'organisation Al Qaîda, Jund Ansar Allah a littéralement déclaré la guerre aux tendances laïques pour faire appliquer strictement la charia. Selon des témoins à Ghaza, les membres du groupuscule ont ainsi menacé les propriétaires de cafés Internet d'incendier leurs établissements, et veulent imposer davantage de pudeur et de rigueur vestimentaire dans les rues et sur les plages du petit territoire. Le calme étant revenu hier matin, le ministère de l'Intérieur, relevant du Hamas a annoncé la réouverture du terminal routier de Rafah entre la bande de Ghaza et l'Egypte pour 2450 musulmans du territoire qui doivent le franchir ce week-end afin d'effectuer le pèlerinage de La Mecque. Le Hamas a pris le pouvoir dans la bande de Ghaza en juin 2007 après en avoir évincé le parti laïque Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas à la faveur d'un sanglant coup de force.