Les affrontements entre le Hamas et un groupe salafiste armé dans la bande de Gaza ont fait 22 morts, dont le chef de cette organisation radicale qui avait proclamé la création d'un "émirat islamique" dans le territoire palestinien, a annoncé un porte-parole du ministère de l'Intérieur géré par le Hamas. Abdel-Latif Moussa, de son nom de guerre Abou al Nour al Makdessi, a péri lors de combats entre partisans de son Djound Ansar Allah ("les guerriers de Dieu") et des policiers du Hamas à Rafah, dans le sud du territoire, près de la frontière égyptienne, a-t-il précisé. Des sources policières du Hamas ont confirmé que six personnes avaient été tuées et 40 autres blessées, dont trois enfants, lors d'affrontements intenses dans la ville. La plupart des victimes venaient de sortir de la mosquée, selon les témoins. Des témoins ont également rapporté qu'une fusillade intensive et des bruits d'explosion avaient été entendus vendredi après-midi dans le quartier d'al-Barazil, dans l'ouest de cette ville, après les combats entre ces deux parties. Des dizaines de policiers du Hamas ont entouré la mosquée " Iben Tayemeyah " à la fin des prières du vendredi, après qu'un dirigeant de groupe radical eut déclaré un émirat islamique dans la bande de Gaza, ajoutent les témoins. Un chef du mouvement Jihadi Salafi, groupe sunnite radical affilié à la mouvance al-Qaïda, interdite au niveau international, avait annoncé que son groupe établirait un émirat islamique à Gaza. Cheikh Abelatif Moussa, plus connu sous le nom d'Abou al-Nour al-Makdessi et chef spirituel de ce groupe, a critiqué le mouvement Hamas pour n'avoir pas fait appliquer la charia (loi islamique) sur son territoire. M. Moussa avait annoncé avant les prières de l'une des mosquées de Rafah que son groupe déploierait des efforts pour rétablir les lois de la charia dans la bande de Gaza. L'un des militants du groupe dans cette mosquée avait déclaré aux journalistes locaux que les combattants du Hamas tentaient d' envahir la mosquée, ajoutant que des dizaines de membres de forces de sécurité du Hamas entouraient la mosquée. Des dizaines de membres et de partisans du groupe sont retenus dans la mosquée, avec cheikh Moussa, a-t-il indiqué. Le mouvement islamiste a mis en garde le Hamas de ne pas porter atteinte à son chef spirituel, déclarant que ses membres étaient " entièrement préparés à répliquer, dans tout Gaza, à une attaques contre (Abou al-Nour al-Makdessi) ". Lors du sermon des prières, des membres du groupe, habillés en combattants d'al-Qaïda, ont distribué des prospectus détaillant la stratégie du groupe, similaire à celle d'al-Qaïda, l' organisation mondialement pourchassée dirigée par Oussama Ben Laden. M. Moussa a défié le Hamas en déclarant que " vos menaces de ne pas autoriser nos sermons à la mosquée ne nous décourageront pas ", tandis que des dizaines de ses combattants armés de fusils encadraient la mosquée. Des dizaines de fidèles écoutaient le discours de M. Moussa. Tôt dans la matinée du vendredi, la police et les forces de sécurité du Hamas ont dressé des points de contrôle autour de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pour empêcher d' autres partisans du groupe de rejoindre la mosquée de M. Moussa." J'appelle les combattants des Brigades al-Qassam (branche armée du Hamas) à nous rejoindre, et je mets en garde le Hamas et son gouvernement que s'ils n'appliquent pas la charia, ils deviendront un mouvement islamiste faible ", a déclaré M. Moussa. Des hauts responsables de sécurité israéliens cités par le quotidien israélien Haaretz avaient auparavant rapporté que des dizaines de combattants du Jihad mondial, qui avaient combattu contre l'armée américaine en Irak, étaient récemment entrés sur le territoire de la bande de Gaza, contrôlé par le Hamas. Plus tôt vendredi, le Premier ministre destitué du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé Israël de dénigrer Gaza en prétendant que des extrémistes islamistes étaient actifs dans cette enclave. M. Haniyeh avait démenti les reportages israéliens antérieurs, selon lesquels des extrémistes islamistes, arabes et étrangers, proches de la mouvance du Jihad mondial, s'étaient récemment infiltrés dans la bande de Gaza pour y mener des activités militaires. " Il n'y a pas dans la bande de Gaza d'organisation ou de groupe étranger fanatique agissant contre les Américains ", a déclaré M. Haniyeh lors des prières du vendredi dans l'une des mosquées du nord de la bande de Gaza. M. Haniyeh a qualifié ces reportages de " tentative de susciter une coalition internationale contre Gaza. Cela reflète aussi l'attitude d'Israël dans ses rapports avec la bande de Gaza ". Il avait par ailleurs démenti que son gouvernement tente d' islamiser la population de la bande de Gaza, suite à certaines mesures prises récemment par son gouvernement en matière de restriction des libertés publiques dans l'enclave.