Le président égyptien, qui doit rencontrer aujourd'hui son homologue américain, a affirmé que le «gel de la colonisation» est une condition sine qua non. Les donateurs américains d'une association d'encouragement à la colonisation juive à Jérusalem-Est bénéficient d'une exemption de taxes accordée aux Etats-Unis au titre d'aide à des «projets éducatifs», affirme hier le quotidien israélien Haaretz. Dans cette optique de la colonisation, et a contrario, le président égyptien Hosni Moubarak, qui rencontre aujourd'hui à Washington son homologue américain Barack Obama, a pressé Israël de «geler la colonisation» dans les territoires palestiniens avant toute normalisation avec les pays arabes, dans une interview publiée hier au Caire. Interrogée par les agences de presse, l'association «Ateret Cohanim» a démenti que ses donateurs américains financent ses achats de terrains. Selon Haaretz, les «Amis américains d'Ateret Cohanim» ont recueilli ces dernières années plusieurs millions de dollars pour cette association qui s'est donnée pour objectif de «rejudaïser» la partie orientale de la ville occupée par Israël en juin 1967, et plus particulièrement la Vieille ville arabe. Pour bénéficier d'une exemption de taxes, les «Amis américains d'Ateret Cohanim», sont enregistrés aux Etats-Unis en tant qu'organisme de financement d'«institutions éducatives» en Israël, précise Haaretz. La loi américaine interdit cependant à une telle association caritative de s'engager dans des activités politiques. «Les ‘‘Amis d'Ateret Cohanim'' financent exclusivement nos institutions éducatives», a déclaré le responsable de la campagne de fonds Daniel Luria. Il a néanmoins reconnu qu'Ateret Cohanim, une association ultranationaliste et religieuse, s'employait à «renforcer les racines juives à Jérusalem-Est par la rédemption de la terre», en référence aux achats de terrains par cette association pour installer des colons au coeur de quartiers arabes. Pour l'année fiscale 2007, les «Amis américains d'Ateret Cohanim» ont recueilli 2,1 millions de dollars, selon Haaretz. L'un des principaux bailleurs de fonds de cette association est l'homme d'affaires juif américain Irving Moskowitz, dont le projet de construction d'un ensemble immobilier, approuvé récemment par les autorités israéliennes, dans le quartier Cheikh Jarrah à Jérusalem-Est, a provoqué de vives protestations, en particulier de Washington. Au début du mois, des Palestiniens ont été expulsés de deux maisons dans ce même quartier. Quelque 200 000 Israéliens vivent dans une douzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, aux côtés de 270.000 Palestiniens. Or, la question de la colonisation reste le principal obstacle à une normalisation avec Israël soulignent de nombreux pays arabes qui estiment qu'aucune régularisation n'est possible avec l'Etat hébreu en l'absence de progrès vers l'instauration d'un Etat palestinien indépendant. C'est aussi l'opinion du président égyptien, Hosni Moubarak, qui doit rencontrer aujourd'hui le président Barack Obama, qui estime que le gel de la colonisation est une condition non négociable. «Certains pays arabes qui ont envoyé des représentants en Israël ou ouvert des bureaux de représentation commerciale pourraient envisager la réouverture de ces bureaux si l'Etat hébreu s'engage à stopper la colonisation et à reprendre les négociations de paix avec les Palestiniens», a dit M.Moubarak au quotidien pro-gouvernemental Al-Ahram. Le président égyptien, dont le pays a signé un accord de paix avec Israël en 1979, devait rencontrer hier à Washington plusieurs membres de l'administration américaine, avant de discuter aujourd'hui avec M.Obama des moyens de relancer le processus de paix au Proche-Orient. L'administration de Barack Obama exige un gel total de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées en vue de relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Selon un rapport officiel, plus de 300.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie. «J'ai expliqué au président Obama lorsqu'il était venu au Caire (juin 2009) que l'initiative de paix arabe prônait la reconnaissance d'Israël et une normalisation des relations avec lui, après la réalisation d'une paix durable et non pas avant», a ajouté M.Moubarak dans l'entretien publié hier. La Ligue arabe a approuvé en 2002, lors de son Sommet de Beyrouth, le plan de paix saoudien appelant l'ensemble des pays arabes à établir des liens diplomatiques complets avec l'Etat hébreu en échange du retrait israélien de tous les territoires occupés depuis 1967 et de la création d'un Etat palestinien. L'initiative, soutenue par la Ligue arabe, appelle à la création d'un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza avec Jérusalem-Est pour capitale. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé en juillet les pays arabes à prendre «maintenant» des mesures «significatives» vers une normalisation de leurs relations avec Israël. Toutefois, on relève que ni Mme Clinton, ni les sénateurs américains, qui viennent d'envoyer un message au président Obama pour l'inciter à demander aux pays arabes d'avoir un «geste spectaculaire» envers Israël n'ont pas estimé politique d'exiger la même chose envers les Palestiniens de la part de l'Etat hébreu.