Le nombre de soldats assignés à des tâches jugées non essentielles à la contre-insurrection (courrier, gardes à l'entrée des bases...) pourrait être réduit. A trois jours d'élections en Afghanistan vues par Washington comme un signe encourageant, l'armée américaine envisage de doper la présence de troupes de combat en réduisant les effectifs de soutien, tandis que le président Barack Obama exclut toute victoire «rapide» ou «facile». «L'insurrection en Afghanistan n'a pas commencé du jour au lendemain», a déclaré lundi le président américain. «Nous ne pourrons pas la vaincre du jour au lendemain. Ce ne sera pas rapide. Ce ne sera pas facile», a-t-il ajouté lors d'un discours à Phoenix (Arizona, sud-ouest). Les responsables militaires en sont également convaincus. Sur le terrain, le général Stanley McChrystal, qui commande les forces américaines en Afghanistan, cherche à réduire le nombre de troupes assignées à des tâches de soutien afin de libérer des hommes pour combattre l'insurrection, ont indiqué des responsables américains. «Il s'agit d'utiliser plus efficacement les troupes», et de «faire plus avec ce que l'on a plutôt que de demander plus», a expliqué un responsable militaire sous couvert de l'anonymat. Le nombre de soldats assignés à des tâches jugées non essentielles à la contre-insurrection - courrier, gardes à l'entrée des bases...- pourrait être réduit, ou leur mission confiée à des sociétés de sécurités privées. Cette solution permettrait au général McChrystal de minimiser ses demandes pour de nouveaux renforts, alors que Washington semble pour l'heure réticent à injecter plus de troupes sur le front afghan, leur disponibilité étant réduite à cause de l'Irak. Quelque 62.000 soldats sont déjà déployés en Afghanistan et leur nombre devrait atteindre 68.000 d'ici la fin de l'année, une fois arrivés l'ensemble des 21.000 soldats supplémentaires approuvés au printemps par le président Obama. Ces considérations sur la situation militaire interviennent trois jours avant les élections présidentielle et provinciales afghanes, dont la tenue a été saluée lundi par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. «Les Afghans devraient être félicités pour leur courage à tenir des élections malgré la tension liée à la guerre, et nous autres de la communauté internationale sommes fiers de les soutenir», a écrit Mme Clinton dans un communiqué. «Ces élections ne seront pas sans défis, les Afghans ont été témoins d'une campagne, d'un débat et d'un dialogue uniques», a-t-elle précisé. Les élections du 20 août constituent un test important pour les forces armées américaines et internationales de l'Otan, mobilisées pour permettre aux Afghans de voter librement et en sécurité, alors que les violences font craindre une abstention massive et une élection peu crédible. Le président Obama a noté une recrudescence de combats «intenses» en Afghanistan et s'est engagé à constamment adapter les stratégies américaines et à s'assurer que les soldats disposeront des ressources dont ils ont besoin. M.Obama, qui a érigé le front afghan en priorité de son mandat, avait affirmé en présentant sa stratégie pour l'Afghanistan en début d'année, que l'objectif était de «désorganiser, démanteler et vaincre Al Qaîda au Pakistan et en Afghanistan et empêcher leur retour». Mais face à la dégradation de la situation, le président semble de plus en plus enclin à essayer de remettre la nation afghane sur pied, à l'aide de méthodes éprouvées en Irak: protéger en priorité la population au lieu de livrer la chasse aux insurgés, former de vastes forces de sécurité nationales et promouvoir le développement économique et politique du pays.