La série noire continue en Irak au moment où les Américains font face à des menaces en Arabie et en Afghanistan. Décidément, plus les Américains affirment avoir le contrôle de la situation plus celle-ci leur échappe et se dégrade de jour en jour. Quand ce n'est pas la résistance irakienne qui leur occasionne des pertes humaines, c'est la fatigue et la peur conjuguées qui stressent les bidasses américains. Outre ces malheurs quotidiens, vendredi encore, sept soldats sont morts dont l'un des blessés de l'attaque au missile de l'hélicoptère Chinook de dimanche dernier, -portant à 17 le nombre de morts et 26 blessés-, la résistance anti-américaine semble s'élargir et prendre des dimensions régionales avec la fermeture hier des missions diplomatiques en Arabie saoudite et la multiplication, par Washington, des alertes au terrorisme. Hier, c'était le branle le bas aux Etats-Unis après la réception par le FBI d'un avertissement selon lequel Al-Qaîda pourrait détourner des avions cargos au Canada, au Mexique et aux Caraïbes «pour menacer des sites sensibles aux Etats-Unis», indique-t-on. Les services de sécurités américains sont sur le qui-vive même si, comme le déclare une personnalité américaine proche des officiels, ils n'ont «pas eu le temps de juger totalement de sa crédibilité», mais a été estimé assez sérieux pour faire déclencher l'alerte générale, comme l'indiquait hier un communiqué de l'ambassade US en Arabie saoudite. «A la lumière de ces sérieuses menaces, l'ambassade à Riyad ainsi que les consulats généraux à Djeddah et Dahran ferment le samedi 8 novembre (hier), afin de revoir les mesures de sécurité en place». De son côté, le Département d'Etat avait annoncé vendredi que des talibans envisageaient d'enlever des journalistes américains en Afghanistan en vue de faire libérer leurs partisans. Aussi, l'ambassade américaine à Kaboul incite-t-elle «les journalistes américains à Kaboul (à) prendre immédiatement des mesures pour assurer leur sécurité à la lumière de ces menaces». De nombreux prisonniers, dont des talibans, sont détenus dans la base américaine de Guantanamo à Cuba. Ces menaces contre les Américains en provenance de régions où des unités militaires américaines sont en opération ou en garnison interviennent au moment où la situation en Irak se dégrade de plus en plus. Ainsi, le mystère subsiste sur les causes de la chute, vendredi, d'un hélicoptère de combat Blackhawk avec à son bord six soldats, tous tués lors du crash près de Tikrit, l'ancien fief du président déchu, Saddam Hussein. Hier, les soldats américains ont détruit plusieurs fermes (abandonnées?) près du lieu du crash, alors que, selon le commandant Josselyn Aberle, «L'enquête continue. La cause de la chute du Blackhawk n'est pas encore claire». Toutefois, selon des soldats américains, il ne fait pas de doute que l'hélicoptère a dû être abattu par une roquette anti-char, comme cela a été le cas pour un autre appareil de même type, touché, presque au même endroit à Tikrit à la fin du mois dernier, par un tir qui a blessé un soldat. D'autre part, le commandant Gordon Cate, indiquait «Nous avons largué deux bombes de 250 kg puis nous avons totalement détruit trois ou quatre fermes abandonnées qui pouvaient servir à des embuscades». Une «démonstration de force» selon l'officier américain. Il n'en reste pas moins que les forces américaines donnent de plus en plus l'impression d'être dépassées par la mobilité dont fait montre la guérilla irakienne qui semble être entrée dans une phase offensive contre les forces d'occupation américano-britanniques. De fait, deux soldats américains ont été tués hier dans une attaque à Falloujah. Ce qui constitue une véritable série noire pour les occupants américains, qui commencent à douter sérieusement.