Près de 250.000 observateurs, dont seulement 10% d'indépendants, seront chargés de surveiller le déroulement des élections présidentielle et provinciales d'aujourd'hui en Afghanistan et d'empêcher les probables fraudes dans des bureaux de vote menacés par les violences. Ces observateurs, à près de 90% délégués par les candidats ou les partis politiques, et essentiellement afghans, seront déployés dans les 6000 à 7000 bureaux de vote qui devraient être ouverts aujourd'hui, selon les autorités. Dix-sept millions d'électeurs sont appelés à désigner un nouveau président, pour la deuxième fois dans l'histoire de l'Afghanistan, et 420 conseillers qui siègeront dans les conseils des 34 provinces. Véritable défi logistique, le scrutin est compliqué par l'insécurité, les pressions et les menaces d'attaques des talibans. Mais d'après les observateurs de l'ONU, la diffusion du matériel et du personnel électoral se déroulait conformément aux prévisions. A Bruxelles, la Commission européenne a annoncé mardi, que ses observateurs avaient déjà constaté des «irrégularités dans la procédure d'enregistrement des électeurs» ce qui crée «un potentiel de fraude». Les inquiétudes ne cessent de grandir au rythme de l'accroissement des violences, notamment les attentats suicides meurtriers comme celui de mardi à Kaboul, et de la diffusion de tracts menaçant les électeurs de représailles. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a estimé mardi que la crédibilité du scrutin était menacée par la faible participation, la violence, les fraudes et les pressions sur la population. Selon HRW, la sécurité est «considérablement moins bonne» que lors des élections présidentielle de 2004 et législatives et provinciales de 2005. Selon Bill Gallery, membre de l'organisation américaine d'observateurs Democracy International, l'insécurité va empêcher les observateurs étrangers de se rendre dans les régions les plus instables. La Commission électorale afghane a indiqué que plus de 10% des quelque 7000 bureaux de vote prévus pourraient ne pas ouvrir faute de sécurité. «Et ce sont ces zones où il y aura le plus de chance d'irrégularités», note M.Gallery. Nader Nadery, président de la Fondation pour des élections libres et équitables (Fefa), la principale organisation d'observateurs électoraux indépendants afghans (ils seront 7300 aujourd'hui selon lui) s'inquiète du grand nombre d'observateurs partiaux déployés par les candidats et partis politiques, neuf fois plus nombreux que les observateurs indépendants. Cela n'inquiète pas outre mesure Bill Gallery, qui estime que les délégués des candidats et partis «se surveilleront l'un l'autre» et empêcheront ainsi les pressions et fraudes. Les quelque 400 observateurs internationaux s'estiment prêts, et s'attendent d'ores et déjà à des irrégularités. «Il y en aura toujours» dans ce type de pays, note Margie Cook, une responsable électorale à l'ONU, «mais nous avons des procédures solides en place pour détecter les fraudes». Les observateurs devront s'assurer que les bureaux ouvrent à l'heure, que tout le matériel de vote est arrivé, qu'aucun électeur ne subit de pressions et que tous les index des votants seront correctement marqués à l'encre (dispositif prévu pour éviter les votes multiples) et traquer les indices suggérant d'éventuelles fraudes.