Le président du MSP demande à ce que la suppression du crédit à la consommation touche aussi bien les députés que les commis de l'Etat qui s'offrent des véhicules avec l'argent du contribuable. Jamais une loi de finances complémentaire n'a suscité une telle polémique. Depuis l'annonce du contenu de cette loi, des réactions sont enregistrées en cascade. Après les partenaires sociaux, c'est au tour du parti MSP de s'en prendre aux décisions prises par le gouvernement, notamment la suspension du crédit à la consommation. Bouguerra Solatni, président de cette formation, a jugé hier que le gouvernement s'est précipité dans sa démarche. «Le gouvernement a agi dans la précipitation», a-t-il déclaré hier lors d'un point de presse animé au siège de son parti. Pour le successeur du défunt Cheikh Mahfoud Nahnah, le gouvernement aurait dû avertir les partenaires politiques et sociaux avant la prise de décision. «Ça aurait été plus logique si le gouvernement avait avisé ses partenaires ainsi que les citoyens de cette décision six mois avant sa mise en oeuvre», a-t-il fait savoir. Et de préciser: «Au MSP, nous avons étudié minutieusement la loi de finances avec le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, en l'occurrence, que nous avons convoqué pour cette raison. Après les précisions bien détaillées du ministre, nous avons bien compris que le gouvernement s'était précipité dans sa décision.» Et l'ancien ministre sans portefeuille de demander de généraliser cette décision aux députés et commis de l'Etat. «Pourquoi cette mesure ne touche-t-elle pas les députés qui bénéficient des crédits du Parlement pour acquérir des voitures? Ceux-ci, au même titre d'ailleurs que les commis de l'Etat qui s'offrent des voitures avec l'argent de l'Etat, doivent être concernés par ces mêmes mesures», a-t-il proposé. Et de suggérer encore: «Si on ne veut pas généraliser la suspension du crédit à la consommation, on devrait faire quelques exceptions pour permettre aux bourses moyennes et aux gens humbles d'acquérir des véhicules.» M.Soltani demande, ainsi, à ce que le gouvernement ne prive pas les bourses moyennes, «enseignants notamment», de tirer profit de «ces mêmes avantages». Se faisant l'avocat des pauvres, M.Soltani appelle le gouvernement à trouver d'autres mécanismes pour remplacer la suspension du crédit à la consommation. «Que le gouvernement propose une alternative à la place de l'interdiction de l'octroi du crédit», demande-t-il. Au MSP, on insiste sur la nécessité de l'implication des partenaires sociaux et politiques dans la prise de décisions concernant la Nation. C'est ce que revendique, aussi, M.Soltani à propos d'une éventuelle révision globale de la Constitution. Il a indiqué, dans ce sens, que son parti aura son mot à dire à propos des amendements qui y seraient apportés. «Nous demandons à ce que notre Mouvement soit un véritable partenaire dans l'élaboration d'une éventuelle nouvelle Constitution», a-t-il souhaité. Le conférencier a estimé que des sujets comme les droits de l'homme, la promotion des droits de la femme nécessitent «un débat national». Depuis «son retrait» de la chefferie du gouvernement, M.Soltani ne rate pas une occasion de critiquer les actions des ministres de Ahmed Ouyahia. M.Soltani fait-il un clin d'oeil pour préparer son retour au gouvernement? «Non! Je donne la priorité à mon parti pour le moment», a répondu hier M.Soltani. Et de justifier: «Le MSP a besoin de tous ses cadres. Nous avons un programme très riche en activités que nous devons appliquer. Le mouvement a besoin de nous.» Abordant la révision des Codes communal et de wilaya, M.Soltani a rappelé que son parti était le premier à appeler à la révision des deux codes «pour assurer la stabilité des institutions locales». Sur sa lancée, il soutiendra qu'«il est important de prendre une initiative qui vise à approfondir le débat et le dialogue entre les partis politiques. Car une stabilité des partis politiques va assurer une stabilité de l'Etat». Et de profiter de cette brèche pour assurer que son parti a dépassé les moments de crise et se consacre aux activités tracées dans son programme. Néanmoins, Bouguerra Soltani reste ouvert à toute initiative de réconciliation. Interrogé enfin sur le dernier livre de M.Bentounès qui a suscité une grosse polémique, M.Soltani demande tout simplement «le retrait des étals de ce livre». «L'auteur doit retirer son livre, corriger ses erreurs, enlever les caricatures et le rééditer par la suite», a-t-il préconisé en conclusion.