La réalité est bien loin des promesses faites par les autorités publiques. C'est le premier samedi de Ramadhan, le deuxième du week-end nouvellement adopté. Une certitude: la régulation du marché des produits agricoles de large consommation est loin d'être acquise. En l'espace de quatre jours, les prix des fruits, légumes et viandes ont connu une flambée déconcertante. Pour s'en convaincre, une virée sur le marché de Bachdjarrah à Alger s'impose. Arrivé sur les lieux, nous constatons que les bordures des trottoirs sont squattés par des «vendeurs d'occasion». Nous nous arrêtons devant une camionnette. La pomme de terre est proposée à 50 DA. Devant le vendeur, un jeune âgé de 25 ans environ, une dame s ‘exclame: «Vos prix sont exorbitants!». Et le jeune homme de répliquer: «C'est la loi du marché.» Là, il faut dire que le vendeur s'est référé aux déclarations des...ministères de l'Agriculture et du Commerce. Le département de l'Agriculture n'a eu de cesse de vanter l'efficacité du Système de régulation du marché, le Syrpalac. De son côté, le chargé de communication du ministère du Commerce a, récemment, déclaré à L'Expression que «le ministère s'occupe du contrôle de la qualité des produits commercialisés, non de leurs prix». Comment connaître le rôle exact de ce département? De l'autre côté de la rue, un autre vendeur affiche au même prix: 70 DA le haricot vert, la courgette et la tomate. Un homme, la cinquantaine, a du mal à admettre cette fluctuation des prix. «En quelques jours, les prix ont pris feu!» C'est dire l'angoisse de ce père de famille qui sent déjà le poids des dépenses qui le guettent. Surtout que pour cette année, l'avènement du Ramadhan coïncide avec la rentrée sociale. Le tout ajouté à l'Aïd. Autant dire que les bourses seront mises à rude épreuve. Un peu plus loin, un autre vendeur, à la barbe poivre et sel, affiche les prix des figues à 50 DA le kg et du raisin à...120 DA. Une vieille femme implore le commerçant pour lui céder ce dernier à 100 DA le kg. «Désolé, à ce prix je n'aurai aucun bénéfice.» La vieille femme s'en va bredouille. Nous effectuons quelques pas. La déception de la vieille dame peut être multipliée par celle des millions d'Algériens. Et pour cause, ils viennent de découvrir, à leurs dépens, que le début du Ramadhan de cette année n'allait pas déroger à celui des années précédentes. Partout dans le pays, les produits agricoles de large consommation culminent à des prix qui défient les bourses moyennes. A Tizi Ouzou, le prix de la tomate est de 80 à 90 le kg. La carotte se paie à 100 DA le kg. Le haricot vert caracole à 130 DA le kg. «Aïche y a l'guellil» (comment peut vivre le pauvre), cette expression populaire est loin d'être gratuite, en considération de ces augmentations que les autorités publiques n'arrivent pas à contrôler. A Oran, le coût du kilo de pomme de terre a tout simplement doublé. De 25 à 30 DA le kg le prix du tubercule est passé entre 70 et 80 DA. Aussi, la tomate qui coûtait entre 30 à 35 DA, est affichée à 70 DA. Des citoyens l'ont même achetée à 80 DA le kg. Alors que dire de la courgette? Ce légume qui se vendait à 60 DA, sinon à 70 DA, a connu une «remontée spectaculaire». Actuellement, la dolma ne peut être préparée qu'avec de la courgette au prix de 80 à 100DA le kg. Pour les viandes, c'est le feu aux bourses. Et pour cause: le kilo de poulet est affiché à 360 DA. Celui de la viande bovine que l'on pouvait se permettre à 800, voire 780 DA est passé à 1 200 DA le kg. Que sont devenues les promesses du ministère de l'Agriculture fixant le prix du poulet à 250 DA et celui de la viande rouge à 680 DA? La réalité est à cent lieues des engagements pris vis-à-vis des citoyens. Pourtant, à deux jours du mois de jeûne, les prix étaient nettement inférieurs à ceux d'aujourd'hui. En effet, la mercuriale établie par l'Union générale des commerçants et artisans algériens a fait état d'une stagnation relative du marché des produits agricoles. Selon ce document daté du 19 août dernier, le prix de la pomme de terre était de 25 à 35 DA le kg. Celui de la tomate ne dépassait pas les 45 DA le kg, la courgette entre 30 et 40 DA le kg et la carotte ne dépassait pas 32 DA le kg. Dans l'attente d'une politique à même de réguler le marché, les prix font la loi.