Les grandes vacances sont là. Repos et évasion viennent à l'esprit et avec eux les voyages. Il est 7 heures du matin lorsque la voix suave envahit l'espace: «les passagers à destination...sont priés de se présenter à l'embarquement salle n°...». Les atterrissages, les avis de recherches, sont autant d'appels qui ponctuent l'ambiance très particulière qui règne. La foule, toujours en mouvement, rassemble toutes sortes de comportements. Il y a ceux qui traînent des bagages qui les submergent. Ruisselant sous des habits trop chauds, hagard, billets à la main, un couple pousse un chariot débordant autour duquel s'accrochent trois bambins. Le groupe se dirige vers le guichet d'enregistrement. Chacun scrute les panneaux indiquant les destinations pour trouver la bonne file. A un moment, le mari se détache brusquement de sa petite famille pour demander un renseignement au premier uniforme qui passe. L'agent lui indique du doigt la direction qu'il doit prendre. Le mari revient à son chariot un petit sourire de contentement aux lèvres. Il fait signe à sa femme de le suivre tout en s'assurant que les enfants suivent. Le groupe s'aligne derrière un attroupement confus autour du guichet. C'est le moment de faire un petit point de la situation. L'homme vérifie une dernière fois ses documents. Sa 'affaire à verrouiller les valises avant de les placer sur le tapis qui les mènera à la soute de l'avion. La file n'avance pas au gré du mari qui commence à montrer des signes d'énervement. Tout porte à croire que la hantise inconsidérée de rater son avion habite notre homme. Il commence par tendre la tête. Puis se hasarde à questionner ceux qui sont devant lui. On lui explique qu'une erreur a été décelée sur les billets de la personne accoudée au guichet et que le personnel de la compagnie prend son temps pour la corriger. Ce qui n'est pas pour calmer le chef de famille qui commence à risquer des protestations. D'abord timidement puis, au fil du temps, franchement audible avec une note de colère. Personne ne veut prêter attention à ce qu'il dit. Ce qui accroît la tension. L'homme se met à regarder dans tous les sens comme pour chercher du secours. On lui a toujours dit qu'avec une connaissance les formalités ne traînent jamais. Aucun visage connu ne lui apparaît. Il scrute à nouveau, en penchant la tête, la tête de l'hôtesse «enfouie» dans son guichet. L'homme ne tient plus en place. Ses enfants font les frais de son énervement. Il les apostrophe, le regard méchant. Sa femme évite son regard et tente à son tour de calmer les enfants. Enfin, la foule compacte disparaît. Le guichet apparaît. Le chef de famille avance et tend ses billets. Sa 'essaye à soulever les énormes valises pour les poser sur le tapis. Elle n'y réussit pas. A la nouvelle tentative, son mari vient à la rescousse tandis que l'hôtesse pianote sur son computer. Après avoir accroché les tickets sur les bagages et actionné le mouvement du tapis, l'hôtesse rend les billets au couple tout en lui souhaitant bon voyage. L'homme pense déjà aux autres formalités qui l'attendent. Il prend la tête de sa petite famille et se dirige vers l'autre salle où se trouvent les comptoirs de police. Un monde fou l'attend.