Selon le professeur Mimouni Zerguini, les personnes atteintes de diabète de type 1, dit insulino-dépendant, doivent formellement s'abstenir de jeûner. Comme chaque année, le mois sacré apporte son lot d'ambiance mais aussi de contraintes. Certes, c'est la période pour les croyants de montrer toute l'étendue de leur foi mais parfois au détriment de leur santé. Ils sont des centaines de milliers à braver leurs maladies en accomplissant l'un des cinq piliers de l'Islam. Parfois, en ignorant même la définition de ce dernier qui stipule que le jeûne est un devoir pour tout musulman adulte et «sain». C'est justement ce terme que des milliers de diabétiques refusent d'admettre et ce, au péril de leur vie. En effet, la plupart des personnes atteintes de diabète, consultent leur médecin traitant à la veille du mois du Ramadhan pour savoir s'ils peuvent jeûner. Et c'est généralement la même réponse qui leur est donnée, «le jeûne est déconseillé pour les diabétiques». Loin de se décourager certains «téméraires» préfèrent braver le mal. Pourtant, le Coran dispense spécifiquement les personnes malades du devoir du jeûne, en particulier, s'il peut avoir des conséquences néfastes. Les personnes atteintes de diabète entrent dans cette catégorie puisque leur mal est un trouble métabolique chronique qui peut les exposer à des risques élevés de développer des complications si le rythme et le volume des repas est fortement altéré. Le jeûne est alors associé à des risques multiples, notamment chez les personnes atteintes de diabète de type 1, dit insulino-dépendant (DID) touchant généralement les enfants et les jeunes adultes, et de type 2, non insulino-dépendant (Dnid), survenant souvent autour de la cinquantaine chez des personnes en surpoids et dont les taux de glycémie sont mal gérés. C'est ce qu'a indiqué le professeur Mimouni Zerguini Safia, diabétologue à l'hôpital Mustapha Bacha. «Le jeûne est formellement déconseillé aux personnes atteintes de diabète de type1, dit insulino-dépendant, car il présente des risques de décès liées à une hypoglycémie». En effet, la réduction de l'apport en aliments est un facteur de risque bien connu de l'hypoglycémie. On estime que l'hypoglycémie est la cause de 4% des décès chez les personnes atteintes de diabète de type1. L'hyperglycémie grave nécessitant l'hospitalisation est un autre risque encouru par les malades et dont l'incidence est multipliée par cinq durant le Ramadhan, sans doute due à la réduction excessive de la prise d'hypoglycémiants. D'autres complications comme l'acidocétose diabétique, la déshydratation et la thrombose figurent dans le tableau des risques encourus par les malades en jeûnant. Par ailleurs, le professeur Mimouni Zerguini explique qu'un traitement bien conduit repose sur une alimentation régulière, un exercice physique et une prise de médication comme l'insuline qui doit être faite plusieurs fois par jour, pas à jeun, sinon le patient s'expose à l'hypoglycémie. Pour le diabète de type 2, le professeur était moins catégorique, expliquant «le jeûne dépend alors du type de traitement pris, si c'est des comprimés, le malade peut voir avec son médecin traitant comment ajuster la prise et la posologie des médicaments». Elle a, toutefois, nuancé ses propos en indiquant que «pour les autres personnes atteintes de diabète de type 2 insulino-traitée, le jeûne est déconseillé». Ainsi les diabétiques doivent apprendre à manger pour ne pas déséquilibrer leur diabète. «Il faut manger de manière rationnelle, ni trop pour ne pas provoquer une hyperglycémie, ni peu pour éviter l'hypoglycémie», a-t-elle conseillé. Des conseils qui tombent parfois dans les oreilles de sourds. C'est le cas de Hafida, avocate et mère de famille atteinte de diabète de type 2 depuis 8 ans et qui a préféré ignorer les recommandations de son médecin. «Je ne peux pas voir mon mari et même mes enfants qui sont encore jeunes jeûner et moi pas, ça m'est impossible» a-t-elle expliqué. Pourtant, les précédents Ramadhans où elle a jeûné ne se sont pas passés sans encombre. L'année passée, elle a été évacuée à l'hôpital à trois reprises. Expliquant ce qui lui est arrivé, Hafida a déclaré: «Si je devais mourir, autant que ce soit durant le mois sacré, le mois où notre foi est mise à l'épreuve».