«Celui qui écrit pour les enfants, doit toujours rester le même que ceux pour qui il écrit. Savoir revenir dans son enfance, c'est un grand bonheur. Moi, je le sais», confiait-il. Le poète russe Sergueï Mikhalkov, décédé jeudi à l'âge de 96 ans, a laissé sa marque dans l'Histoire de son pays en écrivant, sous Staline, qu'il admirait, les paroles de l'hymne de l'Urss, puis de la Russie, tout en rédigeant des livres adorés par des générations d'enfants. Père des cinéastes Nikita Mikhalkov et Andreï Kontchalovski, né en 1913 dans une famille d'aristocrates, Sergueï Mikhalkov a longtemps caché ses origines, travaillant comme ouvrier, avant de commencer à écrire. L'un de ses premiers poèmes, intitulé Svetlana (prénom de la fille de Staline), a beaucoup plu au «Petit père des peuples», bien que, selon Mikhalkov, ce fût une pure coïncidence, les vers ayant été consacrés à une étudiante dont l'auteur était amoureux à l'époque. Souvent appelé le patriarche de la littérature russe pour les plus petits, Sergueï Mikhalkov s'est notamment distingué par des pièces de théâtre et des poèmes comme «Diadia Stiopa» tonton Stiopa, diminutif du prénom Stépan) sur un policier soviétique compatissant, qui a été publié en 1935 pour devenir l'une des oeuvres les plus aimées par toutes les générations de l'Urss. «Celui qui écrit pour les enfants, doit toujours rester le même que ceux pour qui il écrit. Savoir revenir dans son enfance (...), c'est un grand bonheur. Moi, je le sais», confiait Mikhalkov dans une interview accordée au quotidien russe Izvestia en mars 2008, peu avant son 95e anniversaire. Loué par ses collègues pour «un langage poétique limpide et musical», il reçoit à 26 ans le prix Lénine: ses oeuvres sont alors tirées à 250 millions d'exemplaires. En 1943, il est choisi parmi 65 candidats pour devenir l'auteur des paroles de l'hymne de l'Urss qui proclamait notamment que «Staline inspire le travail et les exploits» des Soviétiques. Vingt ans plus tard, après la mort de Staline et la condamnation par le PC du culte de la personnalité, Mikhalkov écrit une nouvelle version de l'hymne, remplaçant simplement le nom de Staline par celui de Lénine. En 2000, il crée la troisième version de l'hymne, désormais adaptée aux nouvelles réalités russes, qui glorifie «la Russie, notre puissance sacrée (...), protégée de Dieu». Admirateur de Joseph Staline, qu'il considérait comme «un grand homme politique», Mikhalkov a été marié 53 ans durant avec la fille du peintre russe Piotr Kontchalovski, la critique d'art et écrivaine Natalia Kontchalovskaïa, jusqu'à la mort de cette dernière. En 1997, à 84 ans, il épouse Ioulia Soubbotina, une physicienne alors âgée de 37 ans.