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Palestine-Le cri des poètes : Habibi, Darwich et frères
Publié dans El Watan le 08 - 01 - 2009

Rarement dans les temps modernes, une littérature n'aura été si longtemps et de si près liée au destin de son peuple. Des bombes pleuvent sur le peuple palestinien de Ghaza. Des femmes, des hommes et surtout beaucoup d'enfants sont tués par l'armée israélienne. Depuis soixante ans, le peuple palestinien souffre et crie sa douleur.
Au-delà de toute position politique, depuis 60 ans, les poètes, les romanciers et les dramaturges palestiniens écrivent sur le désespoir sans fin de leur peuple, sur la situation d'étau psychologique, voire physique qui est la leur. Parmi eux, le romancier palestinien, Emile Habibi, qui décrit avec justesse et grande pudeur l'éparpillement des familles, l'éclatement des clans familiaux, dont chaque membre a dû prendre une route, un chemin différent à travers le monde sous la pression de l'armée israélienne ou des milices des colons. L'expulsion et l'expropriation étaient la loi et le demeurent d'ailleurs. Dans Les circonstances étranges de la disparition de Saïd Abou Nahs, au titre éloquent, il écrit : « Après le premier malheur de 1948, les enfants de notre famille envahissent les pays arabes qui n'ont pas été occupés. C'est ainsi que j'ai un parent traducteur du et au persan au palais des Rabib ; j'ai un autre cousin spécialisé dans l'allumage des cigarettes d'un autre monarque ; l'un des nôtres est capitaine en Syrie, un autre au Liban … Il faut sauver sa peau ». Emile Habibi a choisi de rester sur la terre de ses ancêtres et de prendre même la nationalité israélienne.
Le désespoir est toujours là et il décrit bien cette volonté délibérée de coloniser, d'occuper toujours un peu plus et pour ce faire, de rejeter toujours plus loin les Palestiniens, en dehors des terres, en dehors de l'histoire, en dehors même des mémoires du monde. Il raconte ainsi que l'officier usurpateur et criminel abat celui qui refuse de partir ou celui qui retourne sur ses pas : « Va n'importe où, à l'Est, à l'Ouest … ». Et l'Est, c'est la Jordanie, la Syrie, les autres pays arabes et l'Ouest, c'est la mer ! Emile Habibi continue son récit : « La mère se lève, prend l'enfant par la main et tous deux se dirigent vers l'Est, sans se retourner ». Le départ, l'exil forcé, l'humiliation, ont toujours été le lot de ceux qui n'ont pas été tués. Dans un autre ouvrage « Les Aventures extraordinaires de Saïd le peptimiste », il crée justement le personnage de Saïd qui passe sans cesse de l'optimisme au pessimisme, oscillant entre les deux dans un mouvement perpétuel.
Aujourd'hui, en 2009, c'est plutôt le pessimisme qui se confirme au rythme des bombes sophistiquées qui s'abattent sur les enfants palestiniens qui meurent ou qui, pour les plus chanceux, resteront handicapés ou traumatisés à vie. Emile Habibi ne verra pas cette nouvelle surenchère de l'horreur car il a disparu en 1996, tout comme Mahmoud Darwich, décédé l'an dernier, et qui avait écrit ces vers ciselés d'ironie : « Toutes nos félicitations au bourreau, /au vainqueur sans mérite/ bienvenue au tyran de l'enfance ». Ces mots de feu et de colère rentrés, auraient pu être écrit en ce début d'année 2009, ce qui est fort significatif de l'état des choses. Mahmoud Darwich a été le poète prophétique de l'espoir, le poète du message de recouvrement d'une terre palestinienne maternelle et nationale.
Lui aussi avait connu ce dur chemin de l'exil avant le retour difficile, en portant toujours en son cœur le destin de cette terre spoliée et celui de son peuple livré à l'indifférence des puissants, et n'ayant plus comme lieu et sol que celui de son identité historique et culturelle. Ainsi, écrit-il dans son célèbre poème Carte d'identité, il écrit de façon magistrale : « Inscrit, / Je suis arabe/ Vous avez usurpé les vignes et les champs/ De mon grand-père/ Et la terre que je labourais/ Moi et tous mes enfants/ Et vous nous avez laissé/ Ainsi qu'à mes petits-enfants, / Uniquement ces pierres.. » D'autres et d'autres encore ont roulé le grain de leur écriture dans le même désespoir. Le poète palestinien, Salem Gabran, décrit avec émotion son lien maternel à la terre palestinienne bombardée et humiliée, et au nom de tous les siens, il lui clame son amour : « Comme la mère aime/ Son enfant mutilé/ Je l'aime/ Mon amour, mon Pays ! »
Lorsque tout un peuple porte avec autant de force l'amour pour la terre de ses ancêtres, aucune bombe, aucune force, si puissante soit-elle, n'est en mesure de réduire sa détermination, même si celle-ci peut connaître des moments de faiblesse. Multiplier les colonies, sacraliser un apartheid en construisant un mur semblable à celui de Berlin - que personne n'imaginait qu'il s'effondrerait un jour -, créer des « bantoustans » à l'image d'une Afrique du Sud raciste qui n'existe plus au XXIe siècle, tout cela n'attire certainement ni l'amour, ni l'amitié. Sans exception aucune, les poètes palestiniens évoquent constamment et dans toutes les langues cette humiliation et la négation quotidienne de leur peuple de la part d'Israël. Si leurs mots ne font jamais (ou alors très rarement) la une des journaux, des radios ou des télévisions, ils s'enracinent toujours plus dans les cœurs et les consciences, celle des Palestiniens d'abord, mais aussi celle des citoyens du monde entier qui, mêmes silencieux, découvrent de plus en plus l'horreur d'un dictat historique.


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