Les criminels ne sèment que mort et désolation sur leur passage. Le terroriste Ould Ellebene est revenu dans son douar. L'information aurait pu réjouir ses voisins, s'il s'était agi d'un enfant prodigue qui avait quitté les siens pour aller travailler dans des contrées lointaines. Non, Ould Ellebene est revenu à Ouled Allal pour semer la mort et faire encore plus peur à ses voisins. Son retour s'est soldé par la mort de sept paisibles citoyens qui croyaient que les murs du douar, qui sentaient bon le foin tout juste cueilli, pouvaient leur assurer le calme et la sécurité durant les longues nuits estivales. Ouled Allal, un petit douar situé à 5 km de Boukadir dans la wilaya de Chlef, a vécu, dans la nuit de lundi, vers 22h 30, un véritable drame quand des terroristes, vêtus de tenues de la Protection civile, ont investi les lieux pour tuer et encore tuer avant de prendre la fuite. En arrivant, les terroristes, probablement de Katibet Ennasr du GIA de Abou Tourab, ont évité un cantonnement de l'ANP pour ne pas être repérés avant d'investir la place du douar. Djillali Mezdek (58 ans), père de quatre enfants, sans profession, et son cousin, soutien d'une famille de douze membres, en congé annuel, venaient d'accomplir leur prière d'El-Icha à la mosquée du douar, quand ils furent apostrophés par des inconnus. Avant même qu'ils ne réagissent, des rafales d'armes automatiques les fauchent. Ils sont tués. Les coups de feu et les cris des voisins feront fuir les terroristes avant l'arrivée des éléments de l'ANP. Un kilomètre plus loin, au douar El-Khneg, les terroristes cernent la demeure de la famille Bendaoudia, un GLD qui avait pris les armes pour défendre son douar contre les incursions des groupes terroristes. Père de sept enfants. Il avait trois petites filles dont la plus âgée n'a que 14 printemps. Il ne voulait pas que sa famille subisse la peur des attentats ou que ses filles soient enlevées devant ses yeux par des loups descendus de la montagne. Les assaillants commencent à frapper plusieurs coups à la porte de la maison. Une pauvre masure adossée à un monticule qui surplombe le lieu dit El-Khneg, mais voyant que ses occupants s'étaient rassemblés dans la chambre à coucher, ils décident de détruire le pêne qui ferme les volets de la fenêtre pour s'engouffrer à l'intérieur. Les cris des petites filles, les supplications de leur mère n'émurent guère le sanguinaire Ould Ellebene, qui ordonna à ses acolytes de tirer à bout portant sur les occupants de la maisonnée. Le père, surpris par cette intrusion, n'eut pas le temps de s'emparer de son arme. Comme dans un stand de fête foraine, les terroristes tirent dans le tas avant de donner le coup de grâce à leurs victimes en les achevant d'une balle dans la tempe. Le massacre n'a duré que quelques minutes. Les membres de la famille furent criblés de balles de kalachnikovs. Les terroristes, en quittant les lieux, s'emparent du fusil de chasse du GLD. Trois membres de la famille, qui s'étaient réfugiés dans une autre chambre, ont échappé à la mort. Un voisin, GLD lui aussi, avait tenté de s'opposer à l'incursion des terroristes en faisant usage de son arme, un fusil semi-automatique simonov. Malheureusement, ses balles étaient hors d'usage et étaient d'aucune efficacité. Leur forfait accompli, les terroristes se retirent rapidement en empruntant les nombreux talwegs qui zèbrent le relief de la région. Les habitants du douar n'arrivent pas à comprendre pourquoi on a fermé le cantonnement de la garde communale qui assurait la sécurité du douar. Qui a pris cette décision illogique et criminelle 24 heures avant que les terroristes ne profitent de cette aubaine pour massacrer des citoyens? Les habitants, qui se sont posé beaucoup de questions au lendemain du massacre, ont inhumé les victimes dans la douleur et l'humilité. Le cimetière de Naflia, où ont été enterrées les victimes, n'a pu contenir la masse de citoyens venus partager la douleur des habitants du douar Ouled Allal. Ould Ellebene est revenu visiter son douar. Il n'est pas revenu les bras chargés de présents pour ses voisins. Il y est retourné pour semer la mort et la désolation sur son passage, tout comme font les charognards et autres oiseaux de mauvais augure.