L'Irak a rappelé son ambassadeur à Damas et la Syrie a répliqué quelques heures plus tard en rappelant son représentant à Baghdad. Le ministre turc des Affaires étrangères est arrivé hier matin à Baghdad pour tenter une médiation entre ses deux voisins, l'Irak et la Syrie, qui ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs après un double attentat meurtrier en plein coeur de Baghdad. Il devait rencontrer tard dans la journée d'hier le président syrien Bachar al-Assad et son homologue Walid Mouallem à Damas. Selon le quotidien officiel irakien As-Sabah, Ahmet Davutoglu, accueilli à l'aéroport de Baghdad par son homologue Hoshyar Zebari, est porteur de trois propositions pour tenter d'alléger la tension entre les deux pays. Il suggèrera à l'Irak d'éviter de présenter son différend devant une cour internationale de l'ONU, proposera une réunion urgente des ministres des Affaires étrangères des deux pays à Ankara en présence du chef de la diplomatie turque et enfin la tenue de réunions au cours desquelles l'Irak devra présenter des preuves sur la participation de résidents en Syrie dans des attentats en Irak. Baghdad a demandé à la Syrie l'extradition de deux Irakiens suspectés d'être impliqués dans deux attentats qui ont fait 95 morts et 600 blessés dans la capitale irakienne le 19 août. L'Irak a rappelé son ambassadeur à Damas et la Syrie a répliqué quelques heures plus tard en rappelant son représentant à Baghdad. Un proche du Premier ministre irakien s'est montré sceptique sur le résultat de la médiation. «Cette médiation a peu de chance de réussir car la position de Damas n'est pas positive et le dialogue avec ce pays n'est ni sérieux, ni fructueux», a assuré hier dans le quotidien Da'wa, Hassan Sined, membre de la commission de Défense et de Sécurité du Parlement. «Il y a beaucoup de pays dans la région qui ont essayé de résoudre les problèmes entre la Syrie et l'Irak mais nous sommes convaincus que les relations avec Damas resteront troublées car les Syriens ne veulent pas prendre en compte nos demandes d'extradition des baâsistes et des terroristes», a-t-il ajouté. Selon lui, «l'Irak n'accepte aucun compromis sur cette question stratégique. Toute médiation doit soutenir la demande de l'Irak de traquer les tueurs». Les autorités irakiennes ont affirmé, lors de la présentation d'un «suspect» à la télévision officielle, que les commanditaires des attaques étaient des membres du parti Baâs de l'ancien président Saddam Hussein, basés en Syrie, qui se seraient alliés avec des membres d'Al Qaîda. La Syrie a répondu être prête à accueillir une délégation irakienne pour lui fournir des preuves de sa non-implication. Poursuivant leurs accusations contre la Syrie, les autorités irakiennes ont présenté dimanche une vidéo d'un jeune Saoudien qui a déclaré appartenir à Al Qaîda et avoir été entraîné par les services de renseignements syriens.