Mourad est mort et son décès incombe aux Espagnols et aux Marocains qui l'ont laissé mourir. «Nous voulons rapatrier la dépouille de notre fils, pour lui assurer une sépulture décente à Aïn Témouchent», dira le père de Benzaâma Mourad, le jeune Algérien décédé le 12 juin dernier dans une cellule de la prison de Tétouan au Maroc. Ce dernier s'interroge sur la passivité des autorités consulaires algériennes au Maroc qui n'ont pas bougé le petit doigt pour déterminer les circonstances du décès de son fils. Il va jusqu'à dire que l'ambassade même, en confirmant la mort de Mourad, n'a rien tenté pour obtenir des explications des autorités marocaines. Mohamed, un ami de Mourad qui avait tenté l'expérience avec lui, a pu surmonter ces derniers jours sa douleur pour apporter quelques détails sur le calvaire qu'ils ont vécu au Maroc. «Nous avons traversé la frontière le 28 mai dernier pour nous diriger vers l'enclave espagnole de Melilla. Nous avons attendu avant de franchir les barbelés qui ferment l'accès à ces territoires. Malheureusement, nous avons été interceptés par une brigade de la Guardia civile au lieu dit Caster Yajo. Ces derniers nous ont remis au commissariat de police de la localité de Tétouan. Après une garde à vue qui a duré 2 jours, ils nous ont amenés à la prison où étaient incarcérés 38 autres clandestins algériens. Entassés dans une cellule humide et soumis à un traitement inhumain de la part des gardiens et des autres détenus marocains, plusieurs ont eu des ennuis de santé. Mourad dont l'état de santé se détériorait chaque jour un peu plus n'arrivait plus à soigner ses crises d'asthme avec la Ventoline qu'il avait sur lui. Malgré toutes nos démarches, les Marocains refusaient de le transférer dans un hôpital», dira Mohamed. Le 12 juin, Mourad, faute de soins, décède. Les autorités marocaines décident alors de reconduire les autres clandestins vers les frontières algériennes. Mourad est mort et son décès incombe aux Espagnols et aux Marocains qui l'ont laissé mourir. Sous d'autres cieux, cela s'appelle de la non-assistance à personne en danger, mais au Maroc, ce n'est qu'un banal fait divers qui n'engage la responsabilité de personne. Ses parents, qui continuent de remuer ciel et terre pour savoir pourquoi on a laissé leur fils mourir, ne veulent maintenant que récupérer sa dépouille pour l'enterrer auprès des siens à Ain Témouchent. Mais pour le moment, les Marocains, tout en reconnaissant son décès, restent sourds aux doléances de cette famille.