Le Maroc, principale base de repli des tueurs intégristes, ne peut se découvrir du jour au lendemain des vertus de défenseur des valeurs républicaines. Le Maroc, du jour au lendemain, a découvert des réseaux entiers d'activistes d'Al-Qaîda et s'est mis à les démanteler allègrement à grands renforts publicitaires, poussant l'offensive de charme jusqu'à indiquer que des attaques de très grande envergure étaient en chantier contre des navires de guerre de l'OTAN croisant régulièrement à proximité des côtes marocaines. Les informations n'ont pas cessé de fuser depuis le royaume jusqu'à atteindre l'overdose, poussant de la sorte nombre d'observateurs à explorer la piste que ces brusques découvertes peuvent bien être une vulgaire mystification, une sordide entreprise de charme en direction des puissances occidentales qui ont changé de vision vis-à-vis de la violence islamiste depuis les tragiques attentats du 11 septembre dernier. Ce n'est pas révéler quelque secret que de dire que le Maroc a, de tout temps, constitué un havre de paix pour les terroristes algériens, qui y trouvent refuge, lieu de repli, mais aussi source d'approvisionnement en argent via le trafic de cannabis. Ce n'est pas, non plus, se jeter des lauriers usurpés que de dire que l'Algérie a été le seul pays qui s'est véritablement sacrifié, qui a mené une lutte sans merci contre le terrorisme islamiste, qui a sauvé le Bassin méditerranéen d'un véritable désastre et qui a très souvent ramé à contre-courant quand les puissances planétaires ne voyaient pas venir ce danger et donnaient raison au laxisme bienveillant du palais royal marocain. Ce qui a changé entre-temps, c'est que les thèses algériennes ont fini par triompher. Les plus grandes armées du monde collaborent avec la nôtre, particulièrement expérimentée en matière de lutte antiterroriste, dans ce cadre précis. On parle même, non sans insistance, de transactions pour l'acquisition d'armements nouveaux et sophistiqués, mais aussi d'aides diverses en direction de notre pays. La mystification marocaine semble d'autant plus vraisemblable que les activistes d'Al-Qaîda pouvaient choisir de bien meilleurs pays tant pour s'y réfugier que pour y planifier et exécuter de nouveaux attentats. Ne sont-ce pas là des raisons suffisantes, pouvant pousser le Maroc à tirer le tapis sous les pieds de l'Algérie? Sans doute oui. Le Maroc, sans grande conviction, essaye de faire accroire à l'opinion internationale qu'il est plus concerné que l'Algérie par la lutte contre le terrorisme islamiste. Il tente, ce faisant, de rafler, peu ou prou, des aides destinées à notre pays, mais aussi de tenir le haut du pavé au Maghreb puisque depuis l'arrivée de Bouteflika à la présidence et les attentats du 11 septembre, l'Algérie a toujours su tenir la dragée haute au Maroc. Si le Maroc voulait vraiment lutter contre l'islamisme, comme il le prétend, il pourrait commencer par empêcher les réseaux du GIA de continuer à tuer d'innocentes victimes civiles algériennes avant de se réfugier au Maroc avec la bénédiction des services secrets du royaume de Sa Majesté Mohammed VI.