Son effectif ne dépasserait pas 4 à 5 individus. Portés sur les fonts baptismaux du Centre et du Sud-Ouest, les groupes terroristes se divisent en deux camps rivaux : le Gspd, structuré, disposant de moyens financiers et de logistique, bien implanté au Sud-Ouest, et la Katiba Khadra, disparate, très réduite et agonisante. Le Gspd (Groupe salafiste pour la prédication et le djihad) regroupe quelque 90 individus stationnés dans les massifs montagneux de Djbel Ellouh sous le commandement de Abdelkader Saouane, alias Hadj Belgacem, ancien directeur d'école natif de Derrag (50 km de Ksar El-Boukhari). L'autre, la Katiba Khadra, comprend entre 37 et 50 éléments divisés en groupuscules et évoluant en totale autonomie. Les deux ont un point commun: la paternité de l'émir Sayah Attia (abattu en 1993), mais ne partagent pas les mêmes zones et cibles. Le Gspd active à partir de Derrag jusqu'à Aïn Defla; ses objectifs sont diffus et ne s'attaque, dit-on, qu'aux porteurs d'armes alors que Katiba Khadra est derrière tous les massacres commis dans la région de Médéa depuis 1992. On dit de Saouane qu'il possède une stratégie habile qui lui a valu un soutien dans ses fiefs de Médéa, Tissemsilt et Aïn Defla. Un atout pouvant expliquer comment le Gspd, appuyé par plusieurs cellules de renseignement, n'a perdu que cinq éléments en neuf années (le groupe de Hbel éliminé il y a deux ans dans la commune de Aziz). Décimée, la katiba Khadra ne compte, pour subsister, que sur l'errance à travers les forêts du Centre, les massacres épisodiques et le banditisme. Dans leur équipée sauvage et désespérée, trois groupuscules jouent leur survie: le premier est celui de Ouzerra (15 à 20 criminels) commandé par Bensalem, originaire de ce village, le second, composé de 27 à 30 éléments, localisé dans les massifs forestiers de Mongorno, serait dirigé par Houti et Roukla - ancien chef de zone de Moudjbeur. Enfin, le groupe de Berrouaghia occupé, raconte-t-on, à chercher planques et nouvelles recrues avant de passer à l'action. Son effectif ne dépasserait pas 4 à 5 individus. On cite également un mystérieux groupe de Rmali à l'origine des récents attentats de Takbou et Harbil. Reste le problème de l'énigmatique émir Lokman dont la présence vient d'être signalée, il y a quelques jours, dans les massifs montagneux de la commune de M'fateha (20 km au sud-est de Ksar El-Boukhari). On sait que la katiba Khadra s'efforce, depuis 1997, de trouver un chef «consensuel» aguerri susceptible de succéder à Sayah Attia que les rivalités internes féroces et la déconfiture accélérée à partir de 1995 n'ont pas permis de remplacer. Quelle sera donc l'intention de manoeuvre de Lokman? Difficile de se prononcer. La Katiba Khadra, intrinsèquement, est faible. Cela ne doit pourtant pas faire sous-estimer les très nombreux risques de recrutement à un moment où, disent des observateurs, la misère commence par lui fournir un concours discret, à lui procurer nourriture et cache. Depuis 2000, témoignent des sources crédibles, 17 nouvelles recrues sont comptabilisées par la seule commune de Ksar El-Boukhari. Gspd ou Katiba Khadra, c'est une évidence, ont besoin d'argent, d'armement et surtout de renseignements. Pour le Gspd, l'argent provient d'une dîme imposée aux populations du sud-ouest de Médéa, Tissemsilt et Aïn Defla. Un véritable trésor de guerre amassé par Saouane. A l'inverse, Katiba Khadra procède à l'argent du sang, et vient, paraît-il, d'innover en faisant payer les milieux de la drogue. L'armement, à première vue, est une tactique identique aux frères ennemis: l'attaque des forces combinées. En revanche, les explosifs, spécialité du Gspd, sont peut-être à rechercher du côté d'ateliers de fabrication installés dans les maquis. La transmission de renseignements, elle, est beaucoup plus complexe. C'est la partie immergée de l'iceberg. Au niveau de ce cercle, se mêlent des éléments autrement plus «étanches» de toutes conditions sociales. De ce survol rapide, une conclusion se dégage: Gspd et Katiba Khadra n'ont plus de contenu idéologique à vendre, mais de la misère sociale à acheter. C'est dire combien est grande la responsabilité des élus municipaux et commis de l'Etat.