Le guide de la Jamahirya n'a pas présenté ses excuses au gouvernement marocain. Il a décoré le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, au même titre que les chefs d'Etat présents aux festivités. Le malentendu semble toutefois tendre vers l'apaisement. Une délégation marocaine conduite par le président de la Chambre des représentants du Royaume, qui a été reçue en audience le 8 septembre par le Guide de la Révolution libyenne, est revenue visiblement satisfaite de l'entretien que lui a accordé Mouamar El Gueddafi. «La délégation marocaine s'est réjouie du fait que le malentendu survenu lors de la présence d'une délégation sahraouie officielle aux festivités du 1er Septembre ait été dépassé, suite à la note de réponse adressée par les autorités libyennes à leurs homologues marocaines», a souligné Mustapha Mansouri, dans une déclaration répercutée par l'agence MAP. La rencontre de conciliation s'est déroulée en présence de Mohamed Abou Al Kacem Zaoui, ambassadeur de la Jamahirya libyenne à Rabat, et de Moulay Mehdi Alaoui, ambassadeur du Royaume marocain à Tripoli. La délégation marocaine a saisi cette opportunité pour transmettre les voeux tardifs du souverain Mohammed VI au colonel El Gueddafi à l'occasion du 40e anniversaire de la Révolution du 1er Septembre. Selon les informations colportées par la presse marocaine, en l'occurrence le quotidien Aujourd'hui le Maroc, qui cite le président de la Chambre des représentants du Royaume, le chef de l'Etat libyen aurait affirmé que le président de la Rasd «n'a pas été invité à cette cérémonie mais uniquement au Sommet de l'Unité africaine». Mohamed Abdelaziz se serait donc comporté en intrus en s'imposant en territoire libyen transgressant les «us et coutumes» et enfreignant les règles de bienséance dictées par la diplomatie internationale. Qui pourrait avaler une telle couleuvre? L'opinion publique marocaine! De la cuisine interne à usage local alors? Inévitablement. Il est acquis que le gouvernement marocain cherche à diaboliser le président de la République sahraouie tout en tentant de se frayer une porte de sortie honorable. Il fait «contre mauvaise fortune bon coeur». Aucun doute n'est permis, si l'on reprend le fil des événements. Le 1er septembre la délégation marocaine ainsi qu'un contingent des FAR, les Forces armées royales marocaines, conduits par leur Premier ministre Abbas El Fassi, devaient prendre part aux festivités du 40e anniversaire de la révolution libyenne. S'apercevant de la présence d'une délégation sahraouie de haut niveau, emmenée par le président de la Rasd, et composée des membres du secrétariat national du Front Polisario dont Mohamed Salem Ould Salek, ministre des Affaires étrangères, Bachir Moustapha Sayed, responsable de la centrale politique du Front Polisario, Mohamed Lamine conseiller du président de la République...la délégation marocaine décide de quitter précipitamment les lieux. Pourquoi? «Les représentants du Maroc ont décidé de se retirer des festivités du 1er Septembre à partir du moment où ils ont remarqué la présence du président de la ‘‘pseudo'' Rasd», a expliqué à la presse le ministre de la Communication et porte-parole de l'Exécutif marocain, à l'issue d'un Conseil du gouvernement qui s'est tenu le 3 septembre. Le Guide de la Révolution Libyenne ne s'en est pas plaint et ne s'en est guère offusqué, ni officiellement ni publiquement. Khalid Naciri le ministre de la Communication, explique ainsi la «fugue» de la délégation marocaine: «Nous savions que la «pseudo, Rasd prendrait part aux travaux du Sommet africain prévu à Tripoli. Nous avons demandé clairement aux autorités libyennes à ce qu'il n'y ait pas d'amalgame entre ce sommet et les festivités du 1er Septembre. Et nous avons reçu les garanties nécessaires au plus haut sommet de l'Etat. Mais ces garanties n'ont pas été respectées.» Du côté sahraoui, le son de cloche est tout autre. «Le président de la République, Mohamed Abdelaziz, a assisté mardi, sur invitation officielle du leader libyen, Mouamar El Gueddafi, aux cérémonies marquant le 40e anniversaire de la Révolution du 1er Septembre...», indique une dépêche de l'agence de presse sahraouie officielle, SPS, Sahara Press Service, datée du premier septembre. Le véritable argument qui a entraîné le départ précipité des représentants marocains de la capitale libyenne a été passé sous silence: le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA sur les conflits en Afrique, qui s'est tenu le 31 août 2009 à Tripoli, a adopté une décision qui réaffirme la nécessité d'organiser dans les meilleurs délais un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. «Seule solution juste et durable pour la décolonisation de la dernière colonie en Afrique», ont souligné à l'unanimité les dirigeants de l'Union africaine. Inconcevable pour les autorités du Royaume alaouite qui ne jurent que par leur «plan de large autonomie». Dans la foulée, Mouamar El Gueddafi a décoré, le mercredi 02 septembre, de la «Médaille du 40e anniversaire de la grande révolution d'Al Fatah», le président de la République sahraouie, Mohamed Abdelaziz. Un double «affront» auquel a échappé de justesse, la délégation marocaine par une grossière esquive.