Au moment où le livre devient de plus en plus le parent pauvre de la culture en général, et de l' activité commerciale, en particulier, des éditeurs continuent bon gré mal gré leur petit bonhomme de chemin. Au fil des années, ils prouvent que ce qui peut s'apparenter à un miracle est possible. Nombreux sont les éditeurs ayant mis la clé sous le paillasson en dépit de leur volonté de bien faire, de leur amour du livre et surtout des moyens financiers dont ils disposent. Les exemples en la matière sont innombrables. Mais l'échec de certains ne veut pas forcément signifier que le succès n'est pas permis pour d'autres. La traversée du désert effrayante qu'a connue le livre dans les années 1990 a aussi été pour beaucoup dans l'incertitude ayant caractérisé ce créneau. Pourtant, c'est cette période qui a été choisie par M. Si Youcef pour lancer une petite maison d'édition. L'idée, dit-il, a germé à partir de l'amour qu'il a pour le livre. Professeur d'arabe dans un lycée de Tizi Ouzou, Si Youcef a, au départ, focalisé ses efforts dans l'édition de livres en langue arabe. Ce n'était pas vraiment un choix. Mais il était plus connu par les auteurs qui écrivaient dans cette langue. La première année était extrêmement difficile, avoue-t-il. Un enseignant qui se reconvertit dans l'édition, ce n'est pas du tout une sinécure car ce métier, contrairement au premier, revêt une dimension commerciale indéniable. De même que le choix du premier livre à éditer n'était pas du tout le bon. Toutefois, la persévérance a payé. Quand les Editions El Amel avaient été créées, il n' y avait aucune maison d'édition à Tizi Ouzou. C'était donc un véritable chalenge qui allait, s'il venait à être couronné de succès, permettre à El Amel de devenir le premier éditeur dans la wilaya. Les choses se sont plutôt bien déroulées grâce à la conjugaison de plusieurs facteurs, avec à leur tête beaucoup de travail. Aujourd'hui, le catalogue des éditions El Amel compte plus de 500 livres dans les quatre langues: berbère, arabe, français et anglais. Ce qui caractérise les livres édités par El Amel, outre la richesse linguistique, c'est aussi la diversité des thèmes et des domaines. De l'histoire au roman, en passant par les livres parascolaires, la poésie, les contes pour enfants. La liste est encore longue. Plusieurs auteurs ont fait confiance aux éditions El Amel en leur confiant leurs manuscrits, comme Mohand Arezki Ferrad. Ce dernier y a publié plusieurs ouvrages inhérents à la Kabylie, à sa culture et à son histoire. D'autres auteurs, comme le romancier Saïd Boutadjine, ont aussi produit à El Amel. Mehenna Akbal qui fait de la recherche sur Mouloud Feraoun, y a édité trois essais. Les Editions El Amel ont même mis sur les étals des ouvrages que l'on pourrait qualifier de best-sellers, à l'image des deux livres de l'ancien maquisard, Salah Mekacher, ayant fait l'objet de plusieurs rééditions car trop demandés.