Les nombreux intervenants dans le champ de la violence impose plusieurs fronts de gestion sécuritaire. Avec la vague de vols de voitures qui s'abat depuis plus de deux semaines en différents points de l'Algérois, c'est le spectre de l'attentat à la voiture piégée qui se profile. A Bachedjarah, au sud d'Alger, dans la cité populeuse La Montagne, deux véhicules se sont volatilisés la semaine dernière. Terrifiés, les habitants de la cité se sont déplacés en groupe vers le commissariat de police du lieu, le plus renforcé de l'Algérois, pour signaler ces disparitions. Certains y voient une réédition de ce qui se faisait en 1993, une période marquée par les attentats à la voiture piégée, même si rien pour l'instant ne corrobore ces craintes. L'option du banditisme ne suffit plus malheureusement, surtout dans ce climat de psychose généralisée généré par le regain des actes de violence, a supplanté l'hypothèse que ces véhicules soient utilisés pour des opérations terroristes. Koléa, dans la wilaya de Tipasa, et le quartier de Bab El-Oued à Alger, ont connu simultanément une poussée inquiétante du phénomène. Il y a deux semaines, un véhicule des Postes et Télécommunications a été dérobé à Bab El-Oued. Le vol d'un engin de ce type est entouré d'une sérieuse inquiétude étant donné qu'il pourrait réapparaître et stationner n'importe où, aisément et sans attirer l'attention. A El-Maqaria, aussi, ce sont cinq véhicules de service de l'APC qui se sont volatilisés. Les détails de cette prise ne sont pas encore connus. Ce listing, même s'il inspire fortement l'image d'un retour sérieux de la violence et plus spécifiquement de l'attentat à la voiture piégée, doit toutefois compter avec d'autres éléments qui relativiseraient sa portée. Le plan Delphine, en premier lieu. 6.000 agents, tous corps de sécurité confondus, sont à l'affût de tout mouvement suspect pour rassurer les candidats à la baignade en dépit d'une saison estivale insidieusement perturbée. Les descentes meurtrières enregistrées sur la bande ouest du littoral, et dont le dernier épisode a fait une personne blessée par balle à Tipasa, émaillent sérieusement l'esprit festif propre à la saison. Le retour en force du banditisme est aussi une donnée à comptabiliser dans ce tableau de menaces. A des centaines de kilomètres à l'est de la capitale, toujours sur la bande littorale, Béjaïa, selon les correspondances, fait face à un regain du phénomène jamais observé dans la région. Cette situation, qui persiste depuis plusieurs mois, est émaillée d'opérations violentes avec mort d'homme, et semble être plus le fait de bandits de grands chemins que d'une entreprise terroriste, mis à part l'explosion de la bombe au marché de Tazmalt, le mois dernier, qui avait fait, rappelle-t-on, cinq morts. La suspicion des habitants autour de l'identité des commanditaires de cet attentat a fini de pourrir les relations avec les forces de sécurité dans la région et donne une tout autre teinte à la situation sécuritaire qui contraste avec ce qui a lieu dans d'autres régions du pays. La multiplicité des intervenants dans le champ de la violence impose alors plusieurs fronts de gestion sécuritaire.