Le président de la Fédération européenne des associations algériennes a établi un constat peu amène sur la situation des Algériens à l'étranger. La Fédération européenne des associations algérien- nes interpelle le président de la République dans ce qu'elle qualifie de tragédie nationale en parlant des harraga. Le président de cette fédération, Noureddine Belmeddah et son représentant en Algérie, Redha Salaouatchi ont tenu hier à la Maison de la presse Tahar-Djaout leur quatrième conférence. Les deux conférenciers y demandent, notamment au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, «d'intervenir pour mettre fin à cette tragédie» eu égard à son rang expliquent-ils: «C'est le premier magistrat du pays!» Les intervenants qui dressent le bilan de la situation rappellent les conditions d'emprisonnement des Algériens sous l'inculpation d'appartenance à des réseaux terroristes. Sur 70 détenus, 63 ont déjà été libérés, indique l'orateur selon lequel les «accusations retenues contres eux ont été retirées», ce qui sera le cas pour les sept autres détenus bientôt relaxés, soutient le conférencier. Le président de la Feaa, revient, par ailleurs, sur la réparation des dommages et préjudices causés suite à ces détentions estimées «injustes», laquelle réparation bute, selon M.Belmeddah, sur «l'absence de documents prouvant l'identité de ces Algériens» due, indique-t-il, à la carence des services du ministère des Affaires étrangères algérien. M.Belmeddah regrette, d'autre part, «que l'Algérie ne protège pas ses ressortissants à l'étranger», ajoutant: «Nos ambassades et consulats ne sont que des boîtes aux lettres.» Entamant le second point de conférence, qui traite des harraga, l'intervenant dira que la question du rapatriement des dépouilles des harraga reste soumise à une ADN. L'association demande, dans ce contexte, aux familles des victimes de fournir cet élément déterminant pour l'identification des corps qui ont été enterrés. A ce propos, le conférencier précise que «l'Espagne n'a incinéré aucun corps, non pas par humanisme mais par souci économique, tant l'opération d'incinération coûte chère». Il rappelle le nombre des familles ayant déploré la disparition de leurs enfants. Il s'agirait de 30 familles de l'est du pays, 50 autres de la région ouest et 10 du centre. Le président de cette structure regroupant les Algériens en Europe, souligne, cependant, que les autorités européennes qui ne considèrent plus le nombre des harraga, sont étonnées beaucoup plus par «la nature de ces immigrés clandestins qui sont des personnes âgées, des mineurs ou des femmes mais aussi des cadres, reflétant la profondeur du drame social» que vivent ces Algériens. A ce sujet, le conférencier a indiqué que «l'Algérie ne doit pas juste veiller sur l'Europe en donnant la chasse aux harraga et en les emprisonnant, mais elle doit régler ce problème à la source!». M.Belmeddah met une nouvelle fois nos représentations diplomatiques à l'étranger au pied du mur, mettant à l'index «les rapports des Affaires étrangères avec les citoyens algériens à l'étranger et tout le mépris affiché par ces derniers, ainsi que l'excès de zèle adopté par la partie algérienne lors de traitement des cas harraga avec les Européens». Ces derniers se montrent parfois plus compréhensifs et sont médusés par les déclarations des harraga qui auraient affirmé aux autorités européennes que «si ce n'est pas la mer, c'est le maquis. Devenir terroriste ou harrag, tels sont nos choix!» auraient-ils déclaré.