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La détresse des ménages endettés
ORAN
Publié dans L'Expression le 16 - 09 - 2009

Célébrer un quelconque événement à El Bahia, notamment les fêtes religieuses, est synonyme de grosses dépenses. Cette année, la facture est salée du fait que le rituel annuel, précédé de trente jours de grande consommation, coïncide avec la rentrée scolaire.
«On ne peut plus tout assumer à la fois, le salaire est dérisoire tandis que les dépenses sont colossales.» Tels sont les aveux de Salah rencontré au marché de Mdina Djedida. Lui emboîtant le pas, plusieurs citoyens déplorent la chute aux abysses du pouvoir d'achat tandis que les prix continuent de grimper faute de mécanismes de régulation.
En effet, après une nette baisse des prix remarquée aux premiers jours du mois de Ramadhan, des commerçants de circonstance ont édicté leur diktat en faisant reprendre aux prix l'ascenseur.
En un laps de temps, les ingrédients de la popote spéciale Aïd ont regagné les courbes affichées aux premiers jours de Ramadhan. Les marchés de légumes et fruits viennent d'être frappés par un séisme de forte magnitude. La pomme de terre s'affiche à 60 dinars le kg alors que dans un passé récent, ce tubercule était cédé entre 30 et 40 dinars. Idem pour la carotte qui a atteint les 80 dinars tandis que le concombre est vendu à 80 dinars.
Silence! on «égorge»
«Les marchés d'Oran sont envahis par des commerçants de conjoncture. Ils décident unilatéralement des prix», s'exclame-t-on. Les habitants d'El Bahia ne dissimulent pas leur désarroi! «Nous sommes devant un véritable dilemme», déplore-t-on. La gangrène des hausses des prix s'est «métastasée» à l'ensemble des produits. Les viandes blanches et rouges restent toujours inaccessibles.
Le prix du poulet a pris une envolée fulgurante. Le poulet joue au coq de basse-cour. Un poulet rôti coûte de 650 à 700 dinars alors qu'il ne dépassait pas les 450 dinars avant le Ramadhan. A El Harrach, il volait à 250 dinars seulement. Or, avec l'arrivé de la fête de l'Aïd, le prix du kilogramme de viande rouge fraiche oscille entre 900 et 1000 dinars.
Les commerçants se frottent les mains tandis que les faibles bourses grincent des dents. Devant ces prix, les citoyens ne savent plus quoi faire d'autant que sur le marché international aucune augmentation n'est annoncée.
Les spécialistes sont, pour leur part, unanimes à dire que le marché algérien est livré aux «sangsues». Paradoxalement, les commerçants ne se sentent aucunement responsables de la situation tandis que les pères de famille s'estiment lessivés après trente jours de grandes dépenses imposées. Ajoutez à cela la rentrée scolaire et les besoins y afférents, la situation sociale des milliers de familles algériennes se précarise davantage.
Le recours à la friperie
La rentrée scolaire à peine consommée que la célébration de l'Aïd s'annonce déjà onéreuse. En moins de quatre jours, les pères de famille vont devoir délier leurs bourses. Les deux défis sont loin d'être relevés. La surprise et les effets de la rentrée scolaire et de l'Aïd passés, le cauchemar continue. L'onde de choc est toujours en vigueur.
Si les plus chanceux vêtiront des tenues neuves, des milliers d'Oranais se doivent de recourir à la friperie.
Du petit matin jusqu'au soir, des milliers de pères de famille parcourent plusieurs fois le marché de Savignon à la recherche d'habits pouvant satisfaire les caprices du petit bambin. Fini le bon vieux temps où l'Algérien affichait sans ambages sa dignité. Hélas! le temps des vaches maigres bat son plein.
D'autres prennent d'assaut le marché de M'dina J'dida où les produits de la contrefaçon sont écoulés à des prix abordables faute de faire face à ceux des boutiques chics de Choupot ou celles de la Rue Larbi-Ben Mhidi au centre-ville.
A Oran, les pauvres et les riches se reconnaissent à leurs chaussures et habits. Si les plus chanceux vivent pour s'éclater, les misérables des temps modernes s'efforcent de survivre.
«J'ai été obligé de dépenser tout mon salaire dans l'achat de quelques effets vestimentaires pour l'Aïd et la rentrée scolaire» a expliqué Omar, père de quatre enfants dont trois sont scolarisés. Le Ramadhan tire à sa fin. Sur la table de l'Iftar, il ne reste plus que la hrira à siroter.
Le feuilleton Djamaï Family ne les intéresse pas.
Le ton est au bilan du budget. A combien est revenu le mois de Ramadhan et à combien reviendra la célébration de l'Aïd? Deux évènements obligatoires à affronter sans pour autant pouvoir y échapper.


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