L'absence d'encadrement, les salaires, la régularisation des situations administratives... la liste des revendications est longue. Plusieurs centaines de travailleurs de l'éducation ont pris part hier au rassemblement de protestation initié par le Sete (Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation) devant le siège de la direction de tutelle. La manifestation similaire de l'Unpef s'est déroulée tout compte fait le samedi dernier pour les mêmes motifs. Le Sete était donc, hier, le seul à se manifester sur le front de la contestation mobilisant, contre toute attente, une marée de travailleurs obstruant tout au long de l'action le boulevard de la Liberté. Revigoré par la présence impressionnante de travailleurs, que seule «la situation de bricolage qui règne dans le secteur» peut sensibiliser, les organisateurs de la manifestation étaient aux anges. Autant le rassemblement était consistant, autant l'impact du mot d'ordre de grève était quantitativement impossible à vérifier. Certaines écoles, et elles sont nombreuses, ont renvoyé les élèves jusqu'à après l'Aïd alors que d'autres n'ont même pas ouvert leurs portes. Ce dernier cas de figure a été violemment dénoncé par les syndicalistes hier. L'absence d'encadrement, les salaires, la régularisation des situations administratives et financières des travailleurs...la liste des revendications est longue pour les syndicalistes qui, par intermittence, montrent du doigt accusateur la tutelle qui chercherait plus dans «la quantité au détriment de la qualité». A souligner que cette phrase est prononcée par le secrétaire générale su Sete/WB lorsqu'il abordait le sujet de la réforme du système éducatif. Hier, il y avait beaucoup de colère chez les manifestants. Une colère attisée par les organisations pédagogiques qui rendent encore la tâche plus difficile. Autant l'enfant est appelé à étudier de 8h à 17 heures, autant son enseignant peinera pour lui transmettre les connaissances dans des conditions de travail harassantes. Dans certains établissements, le volume horaire ne peut être introduit du fait de la double vacation. A Béjaïa certains établissements sont allés jusqu'à faire l'impasse sur le repos du mardi après-midi. Les travailleurs et enseignants affiliés au Sete ne vont pas baisser les bras. Leur détermination était telle que l'on peut aisément tabler sur une année scolaire à perturbations répétées. Et pour cause! Les problèmes se sont accumulés devenant trop nombreux pour être réglés en un temps record. Le triomphalisme des autorités chargées de l'éducation a trouvé hier à Béjaïa et sans doute à travers tout le pays, des faits qui le contredisent. Un climat de mécontentement et de grogne sociale règne. L'application du nouveau week-end et l'étirement de la durée de l'année scolaire à 35 semaines de travail, qui induira des bouleversements dans les rythmes scolaires, seront les sources principales des colères futures. Cela est ressenti largement hier. La charge de travail à effectuer, le fonctionnement des établissements jusqu'à 17h30, les déficits en ressources humaines, le manque en moyens didactiques et pédagogiques, une situation que les enseignants contestent sans retenue et lorsqu'on s'amuse a retarder le paiement de leurs salaires on a alors atteint l'intolérable. Le Sete a averti, que le retour à la grève cyclique, à chaque jour de retard dans le versement des salaires, est retenu. Par ailleurs, le Sete prend à son compte la revendication des adjoints d'éducation. Il en fait son cheval de bataille, a-t-il déclaré hier. Ils auront droit aux formations et aux promotions. Il fera de même pour la situation des inspecteurs. Bref l'on a vu hier un syndicat déterminé à retrouver sa place dans le monde du travail, mais aussi à brasser large, touchant à toutes les catégorie des travailleurs.