Le président de la République sahraouie vient de saisir le secrétaire général de l'ONU à propos des dernières manifestations pacifiques d'El Ayoune violemment réprimées par les forces d'occupation marocaines. Dans sa lettre, Mohamed Abdelaziz a prévenu Ban Ki-moon contre les graves répercussions que pourrait entraîner «cette recrudescence des actes de répression pratiquée par les forces d'occupation marocaines dans les territoires occupés». Il a appelé l'instance onusienne à prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la protection et assurer les droits des populations sahraouies des territoires occupés. Pour rappel, c'est dans la nuit de mardi à mercredi que fut violemment réprimée une manifestation pacifique dans la ville d'El Ayoune occupée. «Les forces de répression marocaines ont bloqué les accès aux rues menant au quartier Maâtala toujours en état de siège, pour empêcher les citoyens sahraouis de venir en aide aux blessés ou de participer à d'éventuelles manifestations en faveur de l'indépendance du Sahara occidental», a rapporté l'agence officielle de presse sahraouie SPS. Le bilan s'est soldé par une trentaine de personnes blessées ou arrêtées. «Cette violence injustifiée contre les populations civiles qui ont manifesté pacifiquement, survient durant le mois sacré du Ramadhan et quatre jours seulement après la visite du Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés», a tenu à faire remarquer Omar Mansour, le représentant du Front Polisario en France. Il faut préciser que les villes d'El Ayoune et de Smara d'où partent la plupart des manifestations en faveur de l'indépendance du Sahara occidental font l'objet d'un verrouillage et d'une répression féroces. Un sit-in organisé en décembre 2007 à El Ayoune par des familles, à la mémoire de 15 des leurs disparus en 2005, a été durement réprimé faisant de nombreuses victimes. Au mois de mars 2008 ce sont plus de 130 Sahraouis qui ont été blessés ou arrêtés à Smara par les différents services de répression marocains. Ils étaient venus participer à une réception populaire organisée à l'occasion de la libération de 30 prisonniers politiques. Le président de la Rasd n'a eu de cesse d'attirer l'attention de la communauté internationale au sujet de cette politique de terreur mise en place par Rabat. «Nous vous demandons en tant que secrétaire général de la plus grande instance internationale, responsable du respect de la légalité internationale, de doter la mission de l'ONU pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) des mécanismes nécessaires afin de garantir la protection des civils sahraouis de la répression sauvage des forces d'occupation marocaines», avait écrit Mohamed Abdelaziz à Ban Ki-moon à quelques jours seulement de la tenue du quatrième round de négociations à Manhasset aux Etats-Unis, le 16 mars 2008, et suite à l'enlèvement de six jeunes Sahraouis à Tan-Tan dans le Sud marocain. Selon toute vraisemblance, c'est l'histoire qui bégaie à nouveau. L'espoir né de la réunion informelle qui s'est tenue au mois d'août dernier à Vienne en Autriche entre le Front Polisario et le Maroc, pour mettre un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trente-quatre ans et qui prive le peuple sahraoui de la tenue d'un référendum qui lui offrirait l'opportunité de décider librement de son destin, semble être réduit à néant. Les mêmes réflexes resurgissent: répression, intimidations, fuite en avant, désinformation...tout est mis en oeuvre pour torpiller le cinquième round de négociations. L'Algérie n'y échappe pas. Elle est toujours dans la cible des autorités marocaines. «L'Algérie a formé et financé des groupuscules armés pour aller tuer et kidnapper des innocents et a imposé au Maroc une guerre qui a figé le Maghreb depuis plus de trois décennies. Les populations séquestrées dans les camps de Tindouf sont des citoyens marocains, femmes, enfants et personnes vulnérables qu'Alger retient contre leur gré», a déclaré Omar Hilale, ambassadeur permanent du Royaume alaouite auprès de l'ONU à Genève dans une dépêche rapportée par l'agence MAP. Un discours permanent et cyclique. Les réfugiés de Tindouf sont des séquestrés marocains. Les diplomates de Mohammed VI sont passés maîtres dans l'art de cultiver la calomnie et de noyer le poisson. Ce qui augure de la mauvaise foi des responsables marocains quant à engager des pourparlers sans préalable, avec le Front Polisario, en vue de parvenir à une solution mutuellement acceptable qui pourvoit à l'autodétermination du peuple sahraoui, comme le stipule la résolution 1871 adoptée le 30 novembre 2008 par le Conseil de sécurité de l'ONU.