Malgré l'arrivée massive des émigrés cette année, la côte Est continue à afficher un visage des plus tristes. Hormis les week-ends, l'engouement est loin d'être comparable aux années d'or. Habituées à recevoir des estivants des régions de l'est du pays, les plages d'Aokas, de Tichy et de Souk El-Thenine reflètent l'image d'un paradis perdu. En attendant l'arrivée des touristes qui ne viennent toujours pas, ces célèbres stations balnéaires restent désespérément vides alors que la saison estivale est déjà bien entamée. Une visite des lieux nous renseigne amplement. Tichy, cette station balnéaire des plus célèbres dans le pays, située à 20 km seulement à l'est de Béjaïa, a toujours été la préférée des estivants de tout pays. Ces quatre dernières années, ses plages ne semblent plus charmer les vacanciers qui ne trouvent aucun loisir qui les inciterait à descendre au bord de la grande bleue, en témoignent ces journées sans estivants. La bombe artisanale qui a explosé récemment est encore présente dans les esprits. Les événements qui perdurent dans la région y sont pour beaucoup dans cette situation d'inertie. Les retombées néfastes ne cessent de surprendre les professionnels du tourisme qui sont les premiers à en pâtir, mais qui restent, cependant, convaincus d'une reprise imminente pour peu que la presse y mette du sien en rassurant les estivants. Pour l'heure l'affluence bat un record durant les week-ends uniquement. Parfois, Tichy offre un visage morne et presque insoutenable. Ses plages et ruelles sont quasi désertes. Quant à l'animation, c'est le vide total. Hormis la musique des boîtes qui rompt le silence de la nuit, rien n'indique qu'on est en pleine saison de vacances. Les chants des enfants en colonies qui égaient les chaudes nuits d'été se font de plus en plus rares de nos jours. 8 kilomètres plus loin, on découvre la fameuse côte paradisiaque d'Aokas. A quelque chose près, le même constat est à relever. L'ambiance qu'on lui connaissait à cette époque n'y est plus. Les longues chaînes qui se formaient à l'entrée de la Grotte féerique tout au long des journées d'été sont rares. Les camps de toile attendent désespérément leurs occupants qui hésitent à venir. Au complexe touristique du Sahel, les habituels clients appellent souvent, mais réservent rarement et ce, malgré toutes les assurances que fournissent les patrons des hôtels. Très connaisseurs de la réalité du tourisme dans notre pays, les professionnels gardent l'espoir d'une relance pour le mois d'août. Pour eux, le mois de juillet n'est pas le véritable test de la saison. Le record d'affluence est atteint généralement en août. «C'est comme ça chaque année», affirment-ils. A Souk El Thenine, l'atmosphère témoigne d'un malaise qui en dit long sur ce que sera la saison estivale cette année. Là aussi ce ne sont que les populations de la région qui profitent de la mer avec toujours un goût d'inachevé. Les week-ends, les plages sont toutefois envahies par des citoyens de l'est du pays, qui viennent, mais pas avec les mêmes habitudes. En effet, on ne prend plus son temps comme autrefois. S'il y a quelques années, il était difficile d'avoir une place dans les hôtels et les camps de toile, aujourd'hui, un grand choix est offert aux clients, toujours de plus en plus rares ceux optant pour de longs séjours. En tout état de cause, même si la fréquentation venait à reprendre de plus belle, il reste cependant trop d'insuffisances à même d'inciter les estivants à prolonger leur séjour. Outre l'activité culturelle qui est quasiment inexistante, il y a lieu de signaler le peu de commodités, telles que l'hygiène et la sécurité. Bref, la mer, à elle seule, ne suffit pas.