L'Association de wilaya pour l'histoire et le patrimoine présidée par le docteur Djeridane, tente de réhabiliter la wilaya et essaye de faire de Bouira une région à valeur historique. Dans cette noble quête, les arguments ne manquent pas. Monuments historiques et sites archéologiques datant des époques numide romaine, ottomane et française sont éparpillés aux quatre coins de la wilaya. Chaque envahisseur a marqué son passage, en laissant des traces qui, de nos jours, constituent une vraie richesse pour la wilaya de Bouira, en matière de patrimoine archéologique. Les pouvoirs publics de leur côté, ne lésinent pas sur les moyens pour concrétiser l'attachement citoyen à son histoire et ses origines ancestrales. Une vaste campagne de restauration et d'aménagement engagée depuis maintenant deux années est confiée aux directions compétentes en la matière et ce, afin de booster ce secteur. Cette politique de revalorisation vise, principalement à prendre en charge cet aspect culturel, qui a été laissé à la traîne depuis des décennies. Le ministère de la Culture chargé du dossier, a inscrit un programme et une enveloppe financière pour la réhabilitation de ce patrimoine. Plusieurs sites ont été retenus, pour y recevoir des aménagements, des réhabilitations et des réfections. Au chef-lieu de wilaya, le fort turc de la ville de Bouira, appelé aussi K. Bordj Hamza», est situé sur la colline de Draâ El Bordj; sa construction remonte au début du XVIII e siècle. Réalisé par les Turcs, l'édifice était un check point de contrôle des usagers de la route, depuis et vers Alger. D'après des versions historiques, plus précisément les archives déposées à l'université de Vincennes à Paris, le fort aurait été détruit en 1756 en guise de répression contre un soulèvement de la population contre l'ordre turc, puis reconstruit par le pacha Agha Ben Salem, qui s'est établi avec son armée sur le site qu'il transforma en caserne pour contrôler le versant sud du Djurdjura, puis utilisé par l'armée française. Vu sa portée historique et archéologique, le site sera réhabilité et fera l'objet d'un musée. L'étude élaborée par un bureau d'études spécialisé, montre que, déjà par le passé, les Turcs avaient une maîtrise sur les eaux pluviales qui, par des canalisations, étaient collectées dans un château d'eau souterrain et réparties par la suite. L'effort consenti pour la sauvegarde du patrimoine de la région n'est pas vain. L'étude qui consiste en trois étapes: diagnostic, restauration et transformation, est lancée depuis 2007. Le montant alloué à ce projet, est de 3,39 millions de dinars. Reste la transformation du site en musée: la mission est confiée à «Atrium», un bureau spécialisé dans l'étude des ruines historiques. Dans le cahier des charges, la restauration du site se fera en respectant l'aspect original de ce fort. Les travaux de restauration qui connaissent un retard, sont freinés par des imprévus, comme le squatte du site par des familles. La wilaya a utilisé les gros moyens pour y remédier. Pour relancer définitivement le dossier, une Journée nationale sur le patrimoine a été organisée l'été dernier sur le thème. Plus au sud, dans les communes de Sour El Ghozlane et d'El Hakimia, deux cités antiques disposant de monuments d'une valeur importante, les sites situés en intra- muros de la ville de Sour El Ghozlane, ont bénéficié dans le cadre du programme des Hauts- Plateaux, d'un budget de plus de 3 millions de dinars pour la réhabilitation de la muraille d'Auzia de 3 kilomètres linéaires et ses trois portes (porte de Sétif, porte de Boussaâda et porte d'Alger) datant de l'époque coloniale, classées patrimoine national depuis 2006. La caserne de Sour El Ghozlane érigée en 1850, classée patrimoine, sera aménagée et réhabilitée, au même titre que le théâtre romain et l'aqueduc datant de l'antiquité. Dans la commune d'El Hakimia, le mausolée du roi numide Takfarinas, est concerné par le projet de restauration. En marge de ces sites, la direction de la culture inventorie d'autres sites de valeur historique et archéologique, pour leur inscription sur la liste nationale du patrimoine. La région «Tachachit», située dans la commune d'El Adjiba, un monument archéologique, le lieu de détention colonial d'Ath Bouali (Ath Mansour), le centre de torture de Thilioua (Ahl Laksar), le conservatoire de musique de la ville de Bouira, la caserne de M'chedallah et la citadelle romaine de Aïn Bessem sont autant de lieux qui montrent que Bouira regorge d'histoire et peut devenir, si l'effort est fait, une destination touristique privilégiée.