60% des Algériens se nourrissent du marché illégal, dont le nombre recensé dépasse les 1500 points de venteau niveau national. Derrière chaque vendeuse de bijoux, chaque commerçant de la pièce de rechange ou chaque cambiste de la devise travaillant dans l'informel, il y a des barons. Le marché informel n'est pas, comme on le croyait, un simple marché anarchique et très mal organisé. Mais ce commerce illicite est étroitement lié à d'autres genres de trafics tels le blanchiment d'argent, le trafic de drogue et la contrebande. Après ce constat, Hadj Tahar Boulenouar a bien voulu lever le voile sur le marché parallèle en Algérie. Lors d'un point de presse organisé hier à Alger, le chargé de communication à l'Union générale des commerçants et des artisans algériens, (Ugcaa), a reconnu que le marché informel en Algérie n'obéit pas à la loi de l'anarchie, ni à celle de l'Etat, mais il est bel et bien géré par les «faux hommes d'affaires». «Ils sont environ un million de personnes qui travaillent auprès d'environ 10.000 faux patrons», a t-il annoncé. Contrairement à ce qui se raconte dans la rue sur le commerce parallèle, ce marché n'a, finalement, pas livré tous ses secrets. Il s'agit d'une des faces cachées de l'iceberg. Pour M.Boulenouar, c'est un réseau très bien structuré et organisé. Il s'explique: après une certaine pression exercée par les services de la Gendarmerie nationale et la Douane algérienne sur ces produits de contrebande ces derniers pénètrent, selon le conférencier, par le biais du marché informel qui échappe au contrôle de l'Etat. M.Boulenouar réitère qu'«il existe une grande complicité entre le marché informel et les réseaux de contrebande». Le conférencier affirme également que ces barons réussissent à faire taire les hauts responsables en leur avançant «les pots-de-vin». Mieux encore, il affirme que ces barons mettent la pression sur les hauts responsables de différents secteurs d'activité afin de ne pas mettre en place des lois qui punissent les «fraudeurs». Comment? Le conférencier répond avec certitude et grande assurance: «La corruption par exemple, Les barons achètent même les voix des responsables locaux qui ferment les yeux devant cette situation», a-t-il dit. Revenant sur «les statistiques» de l'économie informelle en Algérie, M.Boulenouar avance des chiffres inquiétants. «Plus de 60% des Algériens se nourrissent de l'informel». «1500 points de vente informels ont été recensés au niveau national, dont 150 à Alger». «Plus de 60% des produits existant sur le marché, tels que la pièce de rechange et le tabac, sont contrefaits». Ce sont là les chiffres qui témoignent que ce commerce est une véritable gangrène pour l'économie nationale. «Le commerce informel ne constitue pas seulement une menace pour le commerce réglementé, mais aussi pour l'économie nationale», a- t-il ajouté. Cette pratique illégale fait perdre au Trésor public plus de 200 milliards de dinars, a-t-il dévoilé encore. Pour faire face à cette situation, l'Ugcaa propose la révision de la loi 03-09 relative à la protection du consommateur, votée au Parlement au début de l'année. Cette organisation demande, plutôt, de protéger le consommateur du marché informel, sachant que la demande se fait beaucoup plus sentir dans les commerces illégaux que dans le marché réglementé. L'Ugcaa demande la concrétisation en urgence du programme du président de la République qui a promis de construire 1000 marchés de proximité au niveau national. Cette association, affiliée à l'Ugta, demande également la réduction de la TVA de 17% à 8%.