Washington qui vient d'occuper un siège au Conseil qu'il boudait jusque-là, s'était opposé au Conseil des droits de l'homme au projet de résolution, reprenant à son compte les recommandations de la mission Goldstone. Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU hésite à recommander la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour des «crimes de guerre» et de «possibles crimes contre l'humanité» durant l'agression israélienne à Ghaza, et a reporté sa décision de six mois. Le Conseil des droits de l'homme a décidé hier de reporter à sa session de mars 2010 le vote d'une résolution sur le rapport d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone. Celui-ci recommande de demander au Conseil de sécurité de saisir le procureur de la CPI si aucun progrès n'est réalisé d'ici six mois dans les enquêtes menées par les autorités israéliennes et l'autorité palestinienne. Les Etats-Unis, qui viennent d'occuper un siège au Conseil qu'ils boudaient jusque-là, s'étaient opposés durant le débat à un projet de résolution reprenant à son compte les recommandations de la mission Goldstone sur l'agression dite «Plomb durci» entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009. L'Union européenne avait également exprimé ses réticences sur le projet de texte présenté par le Mouvement des non-alignés, le Groupe africain, l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) et le Groupe arabe. L'ambassadeur pakistanais Zamir Akram a annoncé, hier, la décision des parrains du projet de retirer leur proposition «afin de donner plus de temps pour un examen fondé et complet du rapport de la mission d'enquête». Si le gouvernement israélien et les «autorités de Ghaza» n'ont pas réalisé «d'ici six mois des enquêtes de bonne foi conformément aux normes internationales (sur les faits allégués), le Conseil de sécurité devrait en référer au procureur de la CPI», avait recommandé M.Goldstone devant le Conseil des droits de l'homme. Evoquant le précédent du président soudanais Omar el-Bechir, sous le coup depuis mars d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour (ouest du Soudan), M.Goldstone avait «fortement critiqué la timidité des efforts d'Israël pour enquêter (...) et l'échec total des autorités de Ghaza pour enquêter sur les groupes armés». «L'impunité pour crimes de guerre et de possibles crimes contre l'humanité a atteint un point critique» dans la région, avait dénoncé le juriste sud-africain pour qui «l'absence actuelle de justice mine tout espoir d'un processus de paix et renforce un environnement qui favorise la violence». Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a exhorté jeudi l'ONU à rejeter le rapport de la mission Goldstone, très critique à l'égard d'Israël, en assurant que son adoption «porterait un coup fatal au processus de paix». «Si le rapport est adopté et qu'Israël voit son droit à l'autodéfense dénié, il ne pourra pas faire de pas supplémentaires ni prendre d'autres risques en direction de la paix», a fait valoir M.Netanyahu. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaient, au contraire, plaidé pour une approbation du rapport Goldstone et de ses recommandations. L'ONG Human Rights Watch (HRW) a ainsi déploré la décision de report par le Conseil. «Les Etats-Unis ont voulu ce sursis, et maintenant c'est aux Américains et aux Européens qu'il revient de s'assurer que sont menées et mises en oeuvre des enquêtes crédibles et des décisions de justice, qui sont cruellement nécessaires», a déclaré Steve Crawshaw, un responsable de HRW.