Le total des actifs déclarés par WorldCom s'élève à 107 milliards de dollars et l'ensemble de ses dettes à 41 milliards. Presque le double de ce qu'avait déclaré Enron , le courtier américain en énergie, lors de sa déroute financière en décembre dernier, quand il avait annoncé des actifs de l'ordre de 60 milliards de dollars. Si le conseil d'administration du n° 2 des télécommunications longue distance aux Etats-Unis WorldCom vient de placer son entreprise sous la protection de la loi sur les faillites, John Sidgmore, P-DG du groupe, n'abdique pas pour autant devant la fatalité. «Le plus triste dans cette affaire, c'est que si vous mettez de coté les dettes, la révision des résultats et la fraude présumée, WorldCom est une entreprise vraiment performante et, au final, elle survivra», a indiqué le P-DG du groupe cité par le Wall Street journal. «Si nous pouvons nous sortir de la faillite sans le poids des dettes, nous pourrons obtenir une position forte dans le secteur», a-t-il indiqué. Pourtant la faillite de World Com est la plus grosse banqueroute de l'histoire américaine, dépassant celle, en décembre dernier, du groupe de courtage en énergie texan Enron, qui constituait jusqu'ici un record. A tel point qu'elle devient une affaire d'Etat en Amérique. Le président George Bush affirme que l'affaire est scandaleuse et fait l'objet d'une enquête. La SEC, gendarme de la Bourse, estime, pour sa part, que les manipulations qui ont affecté les actions de WorldCom sont d'une amplitude sans précédent et assure les investisseurs qu'elle va vigoureusement enquêter sur les circonstances de cette affaire. Elle porte plainte pour fraude. Le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Paul O'neil, se déclare indigné et affirme que les responsables doivent être poursuivis par la justice. Le président George Bush s'est, quant à lui, dit préoccupé par l'impact que pourrait avoir le scandale WorldCom sur l'économie américaine et lance un appel à la responsabilité des dirigeants d'entreprises. Au moment où une commission du Congrès décide d'émettre quatre citations à comparaître visant d'anciens et actuels dirigeants du groupe, World Com répond par écrit au président Bush, indiquant qu'il discute avec ses banques de crédits supplémentaires. Pari presque gagné puisque, en se plaçant sous le chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites (dont la seule demande de dépôt d'une demande de placement dépasse 800.000 dollars), WorldCom sera en mesure de continuer à fonctionner normalement tout en se restructurant, notamment en vendant des actifs, à l'abri de ses créanciers. A cet égard, le groupe a affirmé avoir obtenu un accord pour un prêt de 2 milliards de dollars permettant de faire face à ses obligations pendant la période de redressement, dont un engagement de 750 millions de dollars de Citibank, JP Morgan et de General Electric Capital Corporation.