Le milieu américain de la finance connaît un nouveau séisme boursier. A peine a-t-on commencé à oublier les scandales Enron, Tyco et Worldcom que s'annonce un autre dépôt de bilan, certes moins important, mais néanmoins porteur de doute et de suspicion sur les marchés financiers US : c'est l'affaire Refco, du nom d'une firme de courtage spécialisée en matières premières et produits dérivés. Avec un passif de un milliard de dollars, dont 390 millions de dettes obligataires, Refco a vu sa valeur boursière dégringoler dans la proportion des trois quarts en... une semaine seulement. Bien sûr, on est loin des conséquences financières de la banqueroute Enron avec ses 35 milliards de dettes. La surprise a été quand même grande en raison de la croissance récemment annoncée par Refco à hauteur de 30% de son chiffre d'affaires et aussi parce que tout laissait espérer qu'avec la loi Sarbanes-Oxley, votée en 2002, on était prémunis contre une aussi spectaculaire récidive. Pour rappel, ce texte évoqué dans le « bloc-note » n°2 a prévu un dispositif méticuleux, notamment en matière de contrôle portant sur la régularité et la sincérité des comptes des sociétés cotées. Il y a eu aussi les lourdes sanctions pénales qui se voulaient exemplaires ayant frappé sévèrement des dirigeants sociaux condamnés à des peines de 25 ans de prison infligées par exemple aux ex-patrons de Tyco et de Worldcom. Le scénario Refco s'est réalisé à la façon Enron, avec des malversations comptables, impliquant un cabinet d'audit, en l'occurrence Grant Thorton, certificateur des comptes comme ce fut le cas d'Arthur Andersen. Il faut préciser que Grant Thorton a déjà été associé à une autre faillite intervenue en 2003, celle du géant italien en laiterie Parmalat, pour avoir certifié les comptes falsifiés de ce dernier. Se sont en outre empiétées dans l'affaire Refco, trois banques américaines : Bank of America, Crédit suisse Firt Boston et Goldman Sachs pour s'être portées garantes de l'introduction du Refco en Bourse. Le scandale causera sans doute des dégâts hors des Etats-Unis. On cite la banque autrichienne Banag qui a consenti au courtier un crédit de 425 millions d'euros juste avant que soit dévoilé le dépôt de bilan plaçant ainsi Banag au premier rang des créanciers du failli et aussi des banques latino-américaines. Au plan judiciaire, au moins deux plaintes en nom collectif (une particularité en droit américain) ont été diligentées par des investisseurs, les fonds Salomone et Partners visant directement les trois banques qui se sont portées caution, ainsi que le cabinet Grant Thorton. Affaire à suivre.