Un printemps pluvieux aurait été la cause de sa hausse soudaine. La crise ayant perturbé le marché des fruits et légumes, en particulier le citron, durant le mois de Ramadhan est-elle en voie de s'effacer? Tout semble le confirmer. En effet, une virée dans certains points de vente à Alger témoigne d'une baisse du prix de cet agrume fétiche qui a droit de cité dans la préparation des mets comme celle des gâteaux. A Blida, il s'affichait hier selon un consommateur, à 70/100 dinars le kilo. A Ben Omar et dans certains quartiers de Kouba, il a été cédé hier, toujours à 260 DA le kilo et même moins. Cette fourchette de prix est bien loin du niveau auquel prétendait ce fruit-légume qui flirtait avec les 600 dinars le kilo quelques semaines avant et pendant tout le Ramadhan. Mais que s'est-il donc passé pour que le citron atteigne ces prix exorbitants? Un négociant contacté par nos soins écarte d'un revers de la main toute spéculation hasardeuse concernant les prix du citron. Il s'agit tout simplement, rappelle-t-il, d'un caprice de la nature, au demeurant tout à fait normal. Au printemps dernier, explique-t-il, «les pluies abondantes de mars et avril ont fortement endommagé les arbres fruitiers en fleurs». Il faut noter aussi que cette «mini-crise» n'a apparemment, touché que certains consommateurs attitrés qui usent de ce légume dans leurs plats, ceux-ci aimant bien assaisonner leur assiette d'une larme de citron pour en adoucir le gras. «Je l'ai acheté personnellement à 50 DA l'unité en plein Ramadhan», nous confiait une ménagère. Ah! ventre quand tu nous tiens. Mais comment imaginer pour cette brave dame, une chorba sans le goût ou le parfum enivrant d'un citron et... pressé à la main, s'il vous plait! Certains ont été privés d'une citronnade glacée après ou même lors de la rupture du jeûne, mais la plupart des mets traditionnels nationaux en cette période de l'année, sont dispensés de cet additif qui reste tout de même une touche fort appréciée par d'autres gourmets. Ces derniers n'ont d'ailleurs pas été découragés par ces prix prohibitifs, du moins ceux qui en ont les possibilités. Quelques pièces en plus pour le goût, qu'importe pour cette période de jeûne et de caprices alimentaires souvent démesurés que semblent s'accorder ces heureux Algériens. Les chanceux fortunés qui habitent les belles résidences du quartier Panorama sur les hauteurs de Hussein Dey ou ceux qui occupent les villas de Kouba et Ben Omar, ont été quelque peu «amusés» par les questions de notre journaliste concernant leurs citronniers. Ne mérite l'appellation de villa à Alger, que celle où est planté au moins un citronnier, un jasmin ou un bigaradier (el fell) aiment-on le rappeler à Blida ou sur les hauteurs de la capitale. Les propriétaires interrogées ne se sentent pas du tout «enrichies» par cette soudaine pénurie. Le citron, disent-elles, est offert traditionnellement aux voisins qui le demandent. Qui pour enrichir un plat, qui pour satisfaire une envie d'une femme enceinte, «qui pour soigner une toux rétive...mais vendre, jamais!» s'esclaffent-elles, outrées par une telle question. «C'est comme l'eau, on ne la refuse pas», soulignent ces personnes avec un air bien entendu.