L'introduction du concept « mère kangourou » en Algérie depuis 2004 pour les prématurés a réduit considérablement le taux de mortalité et le développement des infections nosocomiales. Elle constitue un grand espoir pour les parents et les bébés. Soixante-dix mille prématurés naissent chaque année, dont 15 000 sont de grands prématurés (nouveau-nés inférieurs à 2 kg), pour qui le taux de mortalité est très élevé avec un taux de 80%. C'est du moins ce qu'a déclaré, hier, le professeur Lebane, initiateur de cette expérience dans notre pays et chef de service de néonatalité à l'hôpital Mustapha lors de la rencontre internationale organisée hier par l'Unicef en collaboration avec la commission ministérielle chargée du programme national de périnatalité. « Les soins par le kangourou donneront un bon coup à la mortalité », dira le Pr Lebane. Il a recommandé ainsi la multiplication de ces unités kangourou qui ont prouvé leur efficacité au sein de son service et un accompagnement en matière de formation. Cette méthode de soins « mère kangourou » consiste à porter un enfant prématuré sur le ventre en contact, peau contre peau. Cette méthode est très efficace et facile à appliquer. Elle contribue à la bonne santé et au bien-être des prématurés, à l'humanisation des soins néonatals et à l'établissement de meilleurs liens affectifs entre la mère et le nourrisson. Pratiquée uniquement au service de néonatologie de l'hôpital Mustapha, cette méthode a sauvé depuis deux années plus d'une centaine de nouveau-nés de petits poids. La réussite de ce programme, qui vise à donner les bases pratiques de la prise en charge du nouveau-né en salle de travail à la naissance et de faire connaître les bases théoriques de la prise en charge des enfants prématurés, passe forcément par la formation spécifique en néonatologie des pédiatres. « Il font réellement défaut dans les structures hospitalières et les services de néonatalité notamment », a-t-il déploré, ajoutant : « Nous avons besoin d'un personnel formé en la matière sinon nous n'allons pas régler le problème de mortalité et le handicap », a-t-il précisé. Le problème se pose à l'échelle nationale. Selon lui, les pouvoirs publics doivent se pencher sérieusement sur ce grand déficit de spécialistes en pédiatrie qui sont par contre renforcés dans les services de pédiatrie. « Lesquels font souvent, dans ces services, face à des complications qu'on pouvait éviter à la naissance, telles que le handicap », a-t-il signalé. Pour le représentant de l'Unicef en Algérie, Raymond Janssens, une telle expérience est à encourager pour tenter de réduire le taux de mortalité. « 30 000 bébés meurent chaque année en Algérie », a-t-il déclaré. Cette méthode est très importante, car elle permet au bébé d'être à proximité de sa maman. « Il est important de développer ce genre d'unité dans l'ensemble des structures et adopter la méthode. Surtout qu'elle ne demande pas de gros investissements », a-t-il indiqué. La présidente de la fondation Kangourou mothercare a quant à elle souligné que cette méthode permet l'efficacité et la sécurité. « Nous avons de bons résultats en matière de réduction des infections et de la mortalité. Elle permet aussi de réduire les taux d'abandon de ces bébés par les parents », a-t-elle indiqué. Pour rappel, le programme « mère kangourou » a vu le jour en 1978 en Colombie par Edgar Rey Sanabria, pédiatre, qui travaillait dans une maternité d'un quartier pauvre de Bogota où 20 000 naissances sont enregistrées par an et le nombre d'incubateurs (couveuses) n'était pas suffisant.